La prise en charge des personnes âgées fragilisées continue son évolution. Il y a du bon et il y a du moins. Les représentants du secteur, syndicats et fédérations des directeurs, donnent leur point de vue. Enthousiasme, indignation, regret, optimisme, les réactions sont aussi complexes que variées.
Interview de Didier SAPY - FNAQPA (Fédération Nationale Avenir et Qualité de vie des Personnes Agées)
Quels changements avez-vous constaté depuis 3 ans dans le secteur ?
Ces dernières années ont vu une augmentation de la médicalisation, une standardisation liée à la réglementation, un fonctionnement assez homogène.
Quelques éléments marquants sont à noter : On assiste à une médiatisation de plus en plus forte, une prise de conscience du grand public, des exigences de plus en plus grandes y compris de la part des pouvoirs publics.
En ce qui concerne les aspects réglementaires, le système de financement et de tarification arrive à bout de souffle, et les décrets d'application ne sont pas encore publiés.
Pourquoi le secteur EHPAD est-il si mal vu ?
Cet aspect est lié à l'image des établissements pour des raisons cumulables :
Il y a un fort décalage entre l'opinion des résidents et l'image véhiculée à l'extérieur ! On ne parle que des scandales dans les médias !
Par ailleurs, les résidents ne sont pas représentés : les professionnels (fédérations et gestionnaires) défendent les intérêts des personnes âgées, sans légitimité !
La parole des résidents est peu audible, car peu organisée, il leur manque une organisation de défense.
Quelles sont les perspectives du secteur sur les 30 ans à venir ?
Tous les acteurs doivent mener une révolution culturelle : il faut réinjecter du bon sens, avoir confiance dans le dispositif, établir des partenariats public/privé. On peut aussi s'attendre à des vaccins contre la maladie d'Alzheimer !
Il y a un virage à prendre dans les 10 prochaines années, et je vois deux types d'EHPAD différents surgir :
- le premier hyper médicalisé, avec des soins techniques pointus.
- le deuxième qui serait un " habitat médicalisé ", recentré sur d'autres missions : la citoyenneté, la vie sociale, l'autonomie, l'animation
Les pouvoirs publics seront impliqués, car les clients auront de nouvelles exigences dûes à des phénomènes générationnels : la génération de Mai 1968, plus consumériste, arrivera bientôt dans nos résidences ; elle sera d'avantage attachée à l'animation, la vie sociale, l'hôtellerie, les nouvelles technologies.
Les gestionnaires actuels ont une capacité d'adaptation exceptionnelle, compte tenu de l'évolution de la réglementation, soyons confiants que les établissements changeront sous la pression de la clientèle !