La prise en charge des personnes âgées fragilisées continue son évolution. Il y a du bon et il y a du moins. Les représentants du secteur, syndicats et fédérations des directeurs, donnent leur point de vue. Enthousiasme, indignation, regret, optimisme, les réactions sont aussi complexes que variées.
Interview de Muriel Jamot, FHF (Fédération Hospitalière de France)
Quels changements avez-vous constaté depuis 3 ans dans le secteur ?
J'ai une vision assez négative en raison des durcissements des règles budgétaires. Malgré tout la qualité dans le secteur a évolué, grâce à l'ANESM et aux évaluations internes. Les établissements se sont améliorés dans divers domaines (bâtiments, staff, formation, qualité de l'accompagnement et de la prise en compte du résident) grâce au plan d'investissement de la CNSA, cependant des freins sont annoncés en 2011. Avec la création des ARS, le paysage institutionnel a changé. En raison des tensions financières qui subsistent dans les conseils généraux, la visibilité est faible en médico-social. En effet, le financement de l'APA était assuré pour moitié par l'État en 2002, aujourd'hui son engagement n'est que de 28 %. Faut-il alors s'attendre à des coupes budgétaires, avec des suppressions de poste, ou bien au gel des conventions tripartites ?
Pourquoi le secteur EHPAD est-il si mal vu ?
J'y vois plusieurs facteurs. Tout d'abord, ce sont souvent les médias qui voient ce qui ne va pas, les scandales : pourquoi au contraire ne pas privilégier l'efficience de la bien-traitance, tout particulièrement en fin de vie ? Ensuite, un lobby des familles est à créer, les usagers et familles ne sont pas représentés !
Quelles sont les perspectives du secteur sur les 30 ans à venir ?
L'avenir ? Je le vois à 10-15 ans pas plus !
À court terme, j'ai une vision peu optimiste, mais au fil du temps, il va y avoir une pression démographique forte : un revirement est inévitable. Il faudra répondre aux attentes : accueil de jour, de nuit, temporaire : les établissements resteront indispensables, avec un rôle de plate-forme de services gérontologiques.
C'est d'ailleurs ce que le secteur hospitalier public pratique déjà en zones rurales : 25 % de SSIAD sont rattachés à des établissements publics, les portages de repas sont quotidiens. Le domicile doit rester un libre choix.
Positivons surtout le secteur en termes de richesse : emplois, services...
La recherche sur les maladies en est à ses balbutiements... Mais la dépendance des personnes âgées a augmenté en 15 ans : restons vigilants !