La prise en charge des personnes âgées fragilisées continue son évolution. Il y a du bon et il y a du moins. Les représentants du secteur, syndicats et fédérations des directeurs, donnent leur point de vue. Enthousiasme, indignation, regret, optimisme, les réactions sont aussi complexes que variées.
Interview de Pascal Champvert - Président AD-PA (Association des Directeurs au service des Personnes Agées)
Quels changements majeurs sont survenus dans le secteur depuis trois ans ?
Je vois plusieurs faits marquants. Il y a interventions du Président de la République, le lancement du débat sur le financement de l'aide à l'autonomie. Ces deux points sont très positifs. Il y a aussi hélas l'utilisation d'une partie des crédits de la CNSA pour financer le budget de l'Etat et de la Sécurité Sociale _ une méthode qui met l'ensemble du secteur en difficulté, la convergence tarifaire qui fait baisser les moyens des établissements,... J'espère que cette situation va cesser et que le débat débouchera sur une vraie prestation pour l'autonomie.
Pourquoi les Français ont-ils malgré tout une mauvaise image du secteur ?
Je ne suis pas sûr que les Français aient une mauvaise image du secteur. Ils ont une bonne image du travail des infirmières, des aides-soignants et beaucoup de respect. Dans le même temps, ils ont une mauvaise image des structures. D'abord parce qu'ils ont du mal à se projeter dans l'image d'une personne âgée fragilisée, ensuite parce qu'ils constatent ce que dit le rapport de la Cour des comptes : à domicile et en établissement, les besoins des personnes âgées sont couverts à 50%. Les professionnels font leur travail mais les résultats ne sont pas satisfaisants. Le secteur paie le retard des politiques publiques...
Quelles sont les perspectives du secteur dans les 30 ans qui viennent ?
L'aide aux personnes âgées est la réponse à un enjeu éthique et économique majeur car beaucoup d'emplois sont en jeu. En 2040, tout le monde vit à domicile, que les domiciles soient banalisés ou regroupés en résidences-domiciles. Les équipes sont suffisantes, les métiers sont valorisés et valorisants. En 2040, dans notre démocratie, les personnes âgées sont traitées dignement, d'ailleurs leur poids démographique joue en leur faveur. Je suis un optimiste actif !