Justice sociale et épanouissement individuel
La détresse sociale est partout, prégnante et affichée. La peur d'un avenir devenu incertain, les pertes d'illusions sur l'égalité des chances, la promotion professionnelle ou l'ascension sociale créent des débordements que les organisations établies peinent à contenir.
Le sens des injustices serait-il donc réellement plus vif en France qu'ailleurs ? « L'exigence d'entraide et de solidarité plus forte aussi » ?, comme l'écrit Emmanuel Macron dans sa « Lettre aux Français ». C'est alors que le Président exhorte les Français à faire des colères une chance, à s'engager dans le Grand Débat !
Comment ne pas établir un parallèle avec la colère qui agite notre secteur ? Pourtant les professionnels, comme la population générale d'ailleurs, s'expriment volontiers, discutent, débattent. Pas moins de 415.000 participants, 18.300 propositions et 1,7 millions de votes ont été enregistrés lors de la consultation nationale « Comment mieux prendre soin de nos aînés ? ». C'est dire si le sujet mobilise.
Les débats sont aujourd'hui ouverts, les pistes de travail à l'étude. Agnès Buzyn a rappelé lors de ses voeux à la presse les échéances de 2019 : le financement de notre système de santé, de la perte d'autonomie, la modernisation des EHPAD, la revalorisation des métiers, l'organisation d'une nouvelle approche domiciliaire...
Bien sûr très vite, on entend les cyniques. « Le système est exsangue », « Point de réserves budgétaires »...
Et si la révolution proposée dans notre numéro 100 était justement de reconsidérer ce qui nous constitue comme individus d'une société pensante, capable de refonder son projet, de redonner du sens à son action locale, singulière et entière.
Et si la révolution tenait dans la faculté des hommes à se mobiliser pour porter et soutenir les vulnérabilités... Comme l'indiquait Cynthia Fleury lors des échanges du Cercle Vulnérabilité et Société, tout repose sur « la professionnalisation de l'aide, la montée en compétences, la création de filières (qui) permettent de modéliser la vulnérabilité pour en protéger les acteurs ».
Dès lors, la considération des vulnérabilités permettrait de construire une nouvelle société. A condition qu'elle intègre les règles de finalité économique décrites par Keynes, la conciliation de l'épanouissement individuel et de la justice sociale...
A bon entendeur !