A l'instar des établissements de santé, les EHPAD rencontrent d'importantes difficultés de recrutement concernant les professions de la rééducation : kinésithérapeutes, ergothérapeutes, psychomotriciens.
Kiné, ergo, psychomot : les freins au recrutement
Au côté des kinésithérapeutes, de nouveaux profils de professionnels de la rééducation - psychomotriciens et ergothérapeutes - ont intégré les EHPAD, ces dernières années, pour prendre en charge notamment des résidents atteints de troubles sensoriels, cognitifs et/ou moteurs. Le développement des approches non médicamenteuses a ouvert la porte des établissements à ces professionnels, notamment avec le soutien financier des agences régionales de santé (ARS). Le plan Alzheimer 2008-2012 a également impulsé cette tendance puisque la création de PASA ou d'UHR nécessite le recrutement obligatoire de ces profils. Pour ce faire, la formation initiale de 2000 psychomotriciens et ergothérapeutes supplémentaires était prévu au programme.
Toutefois, certains EHPAD rencontrent des difficultés de recrutement liées au déficit d'attractivité du secteur du grand âge, ou de certaines zones géographiques et aux conditions d'emploi (postes à temps partiel). " Plus de la moitié des psychomotriciens exercent dans un établissement pour personnes handicapées, alors que les ergothérapeutes sont le plus souvent salariés d'établissements hospitaliers publics ", précise une étude de la DREES, publiée en octobre 2014. La pénurie est aussi au rendez-vous du côté des masseurs-kinésithérapeutes. En 2013, près des trois quarts de ces professionnels exercent dans le secteur libéral en raison notamment d'une rémunération plus attractive et 3% ont un exercice mixte. Ce mode d'intervention en libéral peut avoir également des répercussions sur la prise en charge des résidents et la coordination des soins qui leur sont apportés. En effet, extérieur à l'établissement, le professionnel de rééducation n'est pas intégré à l'équipe de soignants, il participe peu aux réunions d'équipes, etc. Une enquête réalisée par l'Union régionale des professionnels de santé (URPS) MK en Ile-de-France, indique que 63 % des kinés ne participent pas aux réunions d'équipe. D'autre part, lorsque les protocoles de soins sont décidés par l'équipe médicale, seuls 30 % sont associés à leur élaboration.
Glissement des tâches
Concernant le recrutement de ces professionnels, très insuffisants sur le marché du travail, les EHPAD adoptent des stratégies de remplacement. On assiste à un recouvrement voire à un glissement des tâches entre les métiers. " Les recrutements d'ergothérapeutes et de psychomotriciens viennent en remplacement des kinésithérapeutes auxquels les structures renoncent, faute d'effectif disponible sur le marché du travail ", constate l'Agence régionale de santé PACA. D'aucuns optent pour des embauches de professeurs d'activités physiques adaptées, " réelles alternatives pour de nombreux EHPAD et ARS, mais dont le financement relève de l'animation et figure donc hors soins ", souligne la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) dans son rapport en 2012. L'Ordre des masseurs kinésithérapeutes s'était insurgé en 2012 contre cet état de fait déjà constaté dans les établissements de santé.
"L'apprentissage du relevé du sol est une pratique réglementée et exclusivement réservée aux masseurs-kinésithérapeutes. Or, cette tâche est parfois confiée à des psychomotriciens et des ergothérapeutes."