Dans le n° 74-novembre 2016  - Nouvelles technologies  5958

L'accompagnement au Japon peut-il nous inspirer ?

Précurseur en matière d'accompagnement, le Japon a connu un record mondial d'accélération de sa population âgée. Il a ainsi dû adapter son système de santé, la place faite aux âgés et développer des outils pour soulager les soignants. Rencontre avec le Dr Evelyne Dourille-Feer, économiste spécialiste du Japon.1

Dans les années 70, les plus de 65 ans représentent 7% de sa population. En 1994, ils sont 14%, et atteignent en 2006, le chiffre de 20%. Considérée par les autorités comme une véritable « épidémie », cette croissance exponentielle a nécessité une réponse rapide des autorités, qui n'ont pas hésité à repenser le fonctionnement des politiques publiques.

L'innovation comme choix prioritaire

Pour tenter d'enrayer les difficultés générées par cette augmentation, le Japon choisit la voie de l'innovation. Technologique bien sûr mais aussi dans l'évolution de ses institutions. Puisque les seniors représentent un coût en matière de dépenses de santé, l'état choisit de miser sur la prévention. Dès le début des années 80, le prendre soin, le « care » prévaut. Diabète, AVC, excès de sel ou de sucre... l'hygiène de vie est à l'honneur, et ce dès l'âge de 40 ans.

La création d'un 5ème risque

Dès 1997, la mise en place d'un 5ème risque est votée. Les individus cotisent dès l'âge de 40 ans, selon le système universel, quels que soient leurs revenus. Ce système permet de maintenir un reste à charge faible (10%) et d'aider en parallèle les plus défavorisés.

En 2008, le check-up à partir de 40 ans devient obligatoire. Il est renouvelé chaque année à partir de 65 ans. Les résultats de ce suivi régulier sont encore mal évalués, mais « les japonais se disent en bonne santé », confirme Evelyne Dourille-Feer. « Dans les faits, si l'on observe les chiffres, leurs dépenses de santé sont toutefois supérieures à celles des français. Mais leur médecine préventive progresse avec un effort certain sur la santé dentaire, les risques cardiovasculaires, le cancer, le tabac, l'alcool, la lutte contre la sédentarité. »

Des seniors au travail

Le gouvernement japonais souhaite instaurer un système de retraite « à la carte ». Les seniors japonais expriment une forte volonté de continuer à travailler, contrairement aux seniors français. Ils sortent de la hiérarchie dès l'âge de 60 ans mais sont souvent réembauchés à un salaire inférieur. Le taux d'activité des 65 ans et plus est très élevé (31 % des hommes et 15 % des femmes contre 3 % des hommes et 2 % des femmes français). Si la question de l'insertion sociale est fondamentale, les difficultés financières prennent chaque année de l'importance. Pour favoriser ce marché, le Japon a créé dès les années 2000, des lieux dédiés à l'emploi des seniors. 12 agences existent ainsi à Tokyo. Elles sont accompagnées de lieux d'échanges et de plate-formes entre seniors, qui permettent de développer la formation professionnelle et le tutorat des jeunes.

Un engouement pour la recherche technologique

Les vieux inspirent et c'est un marché particulièrement dynamique qui se développe au pays du soleil levant. « C'est d'ailleurs le seul marché en croissance puisque les ménages de plus de 60 ans représentent 48 % de la consommation en 2014, confirme Evelyne Dourille Feer. Les innovations technologiques investissent le quotidien des personnes âgées et des soignants : aménagement de l'habitat pour repérer une chute, produits polyvalents, y compris téléphonie mais surtout assistance à la mobilité. Les exosquelettes favorisent les mouvements ou soulagent le portage. »

En 2025, le Japon manquera de 400 000 soignants. Les robots deviendront obligatoires pour réaliser certaines tâches.

Encadré Chiffres clés

En 2015,1,2 % de la population française avait plus de 90 ans. Au Japon, ils étaient 1,5 %.

En 2040, selon les statistiques de l'Insee, ils seront 2,3 % en France, 5 % au Japon.

Les robots à l'oeuvre au Japon

Le robot Robear permet de porter le patient. Son prix est encore un peu élevé mais Robear est drôle donc bien accepté par les seniors japonais.

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L'assistance à la mobilité est de plus en plus utilisée aujourd'hui

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L'aide au portage soulage les professionnels

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Le robot Mamoru est équipé de caméras. Il identifie les objets susceptibles de disparaître (clés, téléphones, médicaments...).

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Les humanoïdes jouent ainsi un rôle d'interface entre les personnes atteintes de maladie neurodégénératives type Alzheimer et leurs familles ou les soignants. Ils sont mieux acceptés par les japonais que par les français.

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Pour la toilette et le bain, les Japonais ont développé des systèmes qui fonctionnent comme des grosses boîtes. Elles enserrent le fauteuil et permettent à la personne de se relaxer.