Respirer l'air intérieur peut provoquer des maladies. Une étude européenne le confirme ainsi que l'INSERM. Faut-il sonner l'alerte générale, ne rien faire ou en tenir compte et prendre les mesures appropriées ?
L'air intérieur est-il dangereux ?
Divers polluants sont susceptibles de se retrouver dans l'air intérieur. Quels effets ont-ils sur le confort et la santé des occupants des locaux ? L'ANSES, l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, publie des études, des fiches techniques, des avis et propose des valeurs guides pour certains contaminants retrouvés dans les établissements de santé et les EHPAD : Dioxyde d'azote, COV, formaldéhyde, acroléine, benzène, etc. Certains de ces produits peuvent procurer de la gène (odeur, irritations, somnolence) d'autres être carrément dangereux : diminution de la fonction pulmonaire, oedème, etc.
Nous passons le plus clair de notre temps dans des environnements clos, avec ou sans ventilation intérieure. Les polluants qu'ils viennent de l'extérieur ou de l'intérieur (meubles, fibres, particules) sont soit des polluants d'origine chimique (COV, NOX, phtalates), soit biologiques (moisissures, acariens, animaux, pollens), soit des particules et fibres (amiantes, fibres, particules). Ces substances toxiques sont émises par les matériaux de construction, le chauffage, les produits d'entretien, les meubles neufs, etc.
Les pouvoirs publics ont créé pour les mesurer l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur (OQAI).
Une étude réalisée par des chercheurs européens a mesuré l'air intérieur de la salle commune de 50 maisons de retraite implantées dans 7 pays européens (France, Belgique, Italie, Grèce, Pologne, Danemark et Suède). Ils ont repéré divers polluants comme le dioxyde d'azote (NO2), l'ozone (O3), le dioxyde de carbone (CO2), le formaldéhyde, des particules fines (<10 micromètres), des particules ultrafines (< 0,1 micromètre).
Des campagnes de mesure ont eu lieu : immeubles de bureaux en 2014-2016; écoles maternelles et élémentaires en 2012-2016. Elles ont montré une importante pollutions des locaux.
Le coût, en termes de santé publique généré par la mauvaise qualité de l'air intérieur, est évalué à 19 milliards d'euros par an selon l'ANSES et Pierre Kopp, professeur d'économie à la Sorbonne dans une première étude française menée en 2014.
Un décret devait imposer aux ERP de mesurer et d'analyser deux fois par an l'air intérieur de 3 ou 4 pièces et seulement 2 COV (formaldéhyde et benzène), produits chimiques dont on connait la forte toxicité (décret n°2011--1728 du 2 décembre 2011 du ministère de l'Écologie). Ce décret qui devait entrer en vigueur le 1 janvier 2015 a vu son application repoussée au 1er janvier 2018 pour les ERP et au 1er janvier 2023 pour les autres locaux (1).
Le syndrome des établissements malsains
Validé par l'OMS, ce terme introduit en 1970 décrit un excès d'apparition de symptômes fonctionnels dont aucune cause spécifique n'a été identifiée chez les occupants. Ils disparaissent lorsque les personnes sont hors du bâtiment.
Il existe aussi les Building related illness (BRI) qui regroupent toutes les maladies avérées et expliquées dues aux bâtiments et à leur environnement (légionellose, maladies oncologiques (radon, amiante) ou allergiques (acariens, moisissures).