Dans le précédent numéro, nous avons tracé les contours de l'animation en maison de retraite. Nous faisons témoigner aujourd'hui des acteurs de la fonction animation : animateurs, centre de formation, et directrice d'un foyer-logement confrontée quotidiennement au renouvellement du genre. Le poste d'animateur en Ehpad est relativement récent. Les formations sont souvent nées de la demande des directeurs d'Ehpad constatant une carence dans ce domaine. Ils souhaitaient sortir d'une vision purement " occupationnelle " pour aller vers un véritable accompagnement..
L'animation en résidence de retraite
Carnet d'adresses : Formation
- Institut Meslay la Guyonnière 85600 Montaigu Tél. : 02.51.48.84.84 ou 84.82 - www.meslay.org Contact : M. Dominique Samson
- Infa Institut National de Formation et d'Application 94130 Nogent-sur-Marne www.infa-formation.com contact : Mme Bravo-Lopez, directrice du pôle social
- AREPA : Foyers logements et Ehpad Le bon vieux temps : 44190 Gorges www.arepa.org - Tél. : 02.40.06.91.71
- Le bon accueil : 85120 la Chataigneraie Tél. : 02.51.69.61.01
Ouvrage à lire :
" l'animation des personnes âgées en institution " par Philippe Crône, Masson Editeur
La formation, pour qui et comment ?
Dominique Samson, formateur, est responsable du cycle " animateur en Ehpad " créé en 2004, à l'institut de conseil et de formation supérieure de Meslay, Vendée.
Quel est le profil de vos stagiaires ? Comment fonctionnez-vous ?
Beaucoup sont des salariés d'Ehpad, déjà animateurs, ou ayant l'objectif de le devenir ; quelques-uns sont en reconversion professionnelle. Nous accueillons 15 à 20 stagiaires, du grand Ouest en général, qui ont un goût pour l'accompagnement des personnes âgées, autre que le soin. Notre cycle est qualifiant, à raison de 130 heures sur deux jours par mois, pendant 8 mois. Le coût est en général pris en charge par les divers opca.
Quelle est leur évolution ?
Conforter et légitimer leur poste dans l'établissement, car la formation leur permet de trouver des axes de créativité et d'organisation.
Deux stagiaires issus de l'Institut Meslay témoignent
Cyrille Cornuau est animateur de l'Ehpad public " le bon accueil " à La Chataigneraie en Vendée et a suivi avec succès la formation de l'Institut Meslay en 2009. Agréé Ehpad en 2007, il accueille 72 résidents. Cyrille Cornuau travaille aujourd'hui en réseau avec des collègues animateurs dans le cadre de deux groupes dont un initié par le Clic vendéen, pour échanger des pratiques, des idées ; il s'appuie sur le magazine " Animagine ", et sur des bénévoles : familles et anciens salariés de l'hôpital pour lesquels il a édité une charte de bonnes pratiques en quelque sorte.
Pourquoi ce choix ?
J'ai débuté par un emploi polyvalent dans l'établissement, puis en fonction de l'évolution des besoins, le poste d'animateur à plein temps a été créé. Un jour on m'a demandé d'écrire le projet d'animation de l'établissement pour lequel j'étais fort démuni ; l'institut Meslay proposait cette formation...
En quoi cette formation a-t-elle changé votre métier ?
Mon poste est davantage valorisé, j'ai une vraie reconnaissance de mes collègues en tant qu'animateur.
Souhaiteriez-vous des compléments à cette formation ?
Oui certainement , des " piqûres de rappel " car des mises à jour s'imposent sur des nouvelles techniques par exemple...
Au programme de ce cycle qualifiant, Meslay développe entre autres l'identification des enjeux gérontologiques actuels et leurs évolutions, et l'approfondissement des connaissances en psychologie et psychopathologies de la personne âgée vivant en établissement.
C'est ce qu'a particulièrement apprécié Cathy Jaffrelot, animatrice en accueil de jour de la résidence " le bon vieux temps " à Gorges, en Loire-Atlantique. Elle aussi se trouve valorisée et reconnue après cette récente formation qui l'a particulièrement aidée à mieux appréhender la personne âgée démente et à la " socialiser " autour de chansons, de textes à commenter...
Différents de l'Ehpad où les postes d'animateurs sont au budget des comptes associatifs ou d'exploitation, les foyer-logements ne disposent pas de personnel spécifique... quant aux budgets ils restent modestes, les résidents étant supposés autonomes et pouvant " s'animer " tout seuls.
Le point de vue du directeur : l'animation en foyer-logement
Emilie Le Guillou est directrice d'un foyer-logement AREPA à Franconville, Val-d'Oise : elle nous précise que ses difficultés sont liées à la faible motivation ou au profil socio-culturel de ses résidents - pas de théâtre ni de chorale par exemple car " les acteurs seraient plus nombreux que les spectateurs !, et d'ailleurs ce sont toujours les mêmes résidents qui participent " - la concurrence de la Télé, pas de personnel d'animation, donc des prestataires extérieurs avec un budget moindre que dans un Ehpad. Renouveler le genre animation n'est pas aisé car on retombe toujours à peu près sur les fêtes carillonnées, les excursions, les ateliers mémoire ou cuisine, la gym douce... Grande est la difficulté de se renouveler et de mobiliser les résidents, avec un budget modeste. Toutefois, la résidence propose une quinzaine d'animations par mois, des sorties en commun avec un autre établissement voisin, et s'appuie sur des bénévoles et sur le service jeunesse de la Mairie. Créativité, imagination, curiosité, échange avec des collègues, formation, utilisation de toutes les ressources locales, partenariats sont les clés d'une animation réussie, renouvelée, appréciée de tous . Ce doit être le fruit d'une véritable passion, que le directeur doit privilégier, l'animation étant aussi primordiale que le soin.