L'arthrite touche 1 à 2 % des résidents d'Ehpad. Si cette pathologie inflammatoire, particulièrement douloureuse, ne peut être anticipée, des traitements efficaces existent pour soulager les résidents et limiter ses impacts sur leur quotidien.

L'arthrite : comprendre, diagnostiquer, traiter
Contrairement à l'arthrose, maladie articulaire dégénérative (lire encadré), l'arthrite est une inflammation de la membrane qui tapisse les articulations. Elle est causée par un dysfonctionnement du système immunitaire. « Une personne atteinte d'arthrite ressent souvent des douleurs nocturnes aux articulations, qui vont être gonflées », explique le Dr Eric Senbel, rhumatologue à Marseille. « Au réveil, elle peut mettre plusieurs heures avant d'être capable de bouger. » Alors que l'arthrose provoque des douleurs au cours des mouvements, celles de l'arthrite se manifestent principalement au repos. « Ces douleurs doivent être considérées comme inhabituelles, et ce, malgré le vieillissement de la personne », prévient le spécialiste.
Les différents types d'arthrite
L'arthrite aiguë, qui correspond souvent à une arthrite microcristalline, s'explique par un dépôt de cristaux dans ou autour des articulations. Parmi les formes les plus courantes figurent :
- La crise de goutte, liée à l'accumulation de cristaux d'acide urique dans l'articulation. Elle provoque une douleur soudaine, généralement au gros orteil, plus rarement au genou ou à la cheville, qui va également être gonflée.
- La chondrocalcinose, causée par des dépôts de pyrophosphate de calcium.
Ces crises concernent les personnes âgées, et sont favorisées par certains médicaments tels que les diurétiques. Elles peuvent durer plusieurs jours, voire davantage en l'absence de traitement.
Les arthrites chroniques, plus insidieuses, touchent aussi les personnes âgées. Parmi les formes les plus fréquentes, on note :
- La polyarthrite rhumatoïde : elle affecte principalement les petites articulations des mains, poignets et pieds, provoquant un gonflement douloureux qui apparaît souvent en fin de nuit.
- L'arthrite psoriasique : semblable à la polyarthrite rhumatoïde, elle est associée au psoriasis. Elle peut également toucher la colonne vertébrale. « 20 % des personnes atteintes par cette maladie dermatologique développent des pathologies articulaires », précise le Dr Senbel.
- La pseudo-polyarthrite rhizomélique : elle touche les épaules et le bassin, provoquant des douleurs au niveau des « ceintures » corporelles.
Une prise en charge essentielle
Si certaines prédispositions génétiques ou facteurs exogènes (tabagisme, mauvaise hygiène dentaire) peuvent favoriser la survenue d'arthrite, des liens ne sont pas encore totalement établis. Pour autant, même si la prévention est difficile à mettre en oeuvre, un diagnostic rapide est crucial. « Il est important de ne pas banaliser les douleurs articulaires chez les personnes âgées, et de bien identifiées celles liées à l'arthrite qui sont spécifiques et invalidantes », insiste le Dr Senbel. L'arthrite peut en effet avoir des répercussions multiples chez la personne âgée. Outre la douleur, qui représente la caractéristique première de cette pathologie, « il faut tenir compte, en l'absence de prise en charge, du risque de dégradation des articulations, irrécupérables, notamment pour la polyarthrite rhumatoïde et l'arthrite psoriasique, prévient-il. De même, des arthrites non traitées peuvent se chroniciser et rester actives indéfiniment. »
L'autonomie de la personne âgée peut également se trouver impactée. Les douleurs augmentent le risque de chutes et, par conséquent, de fractures. « L'arthrite entraîne aussi une dégradation de l'état général du patient en raison de l'hypermétabolisme lié à l'inflammation, ajoute le Dr Senbel. Les patients affichent, dans de nombreux cas, une perte d'appétit, donc de poids, et se fragilisent globalement. » Enfin, il ne faut pas minimiser l'incidence de la maladie sur la santé mentale, les douleurs chroniques pouvant conduire à un renfermement des personnes âgées sur elles-mêmes voire à une dépression.
Des traitements efficaces
Pour autant, l'arthrite n'est pas une fatalité. Des traitements adaptés, efficaces et tolérés, permettent de soulager les douleurs et de ralentir la progression de la maladie. « Les soignants doivent impérativement prendre en compte cette maladie afin d'orienter au mieux les résidents », insiste le Dr Senbel. La rémission complète sous traitement est envisageable pour la polyarthrite rhumatoïde et l'arthrite psoriasique. Dans le cas d'une pseudo-polyarthrite rhizomélique, un traitement offre, après un an de suivi, une guérison chez 50 % des patients, sans rechute. Pour les 50 % restants, la baisse de la cortisone peut provoquer une rechute, qui nécessite un maintien prolongé du traitement. « Nous avons à disposition des traitements qui fonctionnent, il serait donc dommage, notamment pour éviter la perte de chance, de laisser une personne évoluer avec la maladie sans lui donner l'opportunité de consulter un spécialiste », conclut le rhumatologue.