La Mutualité française d'Alsace a construit un Ehpad apte à évoluer entre basse et auto-consommation d'énergie.
L'Ehpad de Richwiller s'équipe de trackers solaires
Innovation. Ce mot d'ordre de la Mutualité française Alsace a présidé à la construction de l'Ehpad qu'elle a ouvert en 2015 à Richwiller (68), banlieue de Mulhouse à cheval sur la ruralité. Dans cette commune riche de son passé minier (potasse), l'architecture en « maisons », bien sûr revisitée, a donné son nom « Le Village » à l'Ehpad, organisé en cinq unités de vie autonomes.
Le plain-pied était impératif, le maître d'ouvrage n'a pas transigé : les 85 résidents devaient tous avoir une vue et un accès aisé sur l'extérieur - ici le lieu d'échanges et de rencontres « La place » avec le restaurant, les salles d'animations et de culte, la bibliothèque, le service médical et le coiffeur.
L'efficacité énergétique était le second impératif. Ventilation double-flux, chauffage par chaudière gaz à condensation, capteurs solaires thermiques sur le toit pour la production d'eau chaude sanitaire, isolation extérieure renforcée supprimant tous les ponts thermiques, planchers béton présentant une bonne inertie thermique... L'Ehpad de Richwiller, 14 millions d'euros d'investissement, a coché toutes les cases de la norme Bâtiment basse consommation (BBC) et de la certification Haute qualité environnementale (HQE) - il a même été le premier Ehpad à la décrocher. Il a aussi été grand lauréat du Prix national Gazosphère 2015 qui récompense des constructions jugées remarquables par leur capacité à conjuguer performance énergétique, protection de l'environnement et efficience économique. À l'instant T mais aussi de façon évolutive.
Autoconsommation à hauteur de 40 %
Ainsi, anticipant la flambée des prix de l'énergie, la Mutualité française Alsace s'est-elle fixé un nouveau cap : l'autoconsommation, partielle mais significative. Avec audace. « La solution classique des panneaux sur les toits nous aurait demandé beaucoup de temps et nécessitait des travaux de renforcement de la charpente, explique Jean Voegelé, directeur technique et de l'innovation. La solution alternative proposée par l'entreprise Thalie m'a paru innovante et réactive ». Ajoutons « spectaculaire » : en novembre 2022, l'Ehpad a vu s'ériger trois « trackers » solaires qui, grâce à une motorisation intelligente, suivent la course du soleil tels de gigantesques tournesols. Une première nationale !
Une simple demande d'autorisation de travaux, pas de fondation, 15 jours pour installer les panneaux de 125 m2 au sommet des mâts de 10 m lestés au sol, un contrat de location et de maintenance sur 10 ans (prix non communiqués), « l'essentiel de notre démarche a en fait consisté à informer les résidents, les familles, les équipes, les voisins, les habitants, pour éviter le syndrome « éoliennes » : non il n'y a pas de nuisances sonores ni d'atteintes à l'environnement, nous sommes en limite de terrains agricoles ». L'esthétique ? Architecture contemporaine de l'Ehpad aidant, « on s'y habitue » est la réflexion la plus entendue. Les trois trackers devraient produire 150 000 kWh/an, ce qui, lissés sur toute l'année devrait couvrir comme prévu plus de 40 % de la consommation de l'Ehpad - « nos calculs actuels sont en phase avec cet objectif », dit Jean Voegelé qui ajoute que « face à l'inconnue des prix de l'énergie », la Mutualité française Alsace « va de nouveau prendre les devants » et remplacer la chaudière à gaz de l'Ehpad par une pompe à chaleur air/eau.