Au sein de l'Ehpad départemental du Creusot (Saône-et-Loire), l'ensemble du personnel est sensibilisé et formé à la lutte contre les risques infectieux liés au linge. L'établissement a investi du temps et de l'argent pour s'équiper d'une blanchisserie qui a obtenu la certification RABC.
L'Ehpad du Creusot adepte de la méthode RABC
Lorsqu'elle présente le fonctionnement actuel de la blanchisserie de l'EHPAD public départemental Le Creusot (Saône-et-Loire), Maria Rennis, responsable lingerie de l'établissement, ne cache pas sa fierté devant le travail accompli depuis 1995.
"A cette période, les locaux de la blanchisserie étaient vétustes, les machines n'étaient pas aux normes. On tirait la panière à linge avec une canne", se souvient-elle. "Devant cet état des lieux, notre directeur a dit : soit on avance, soit on ferme la blanchisserie !" Une révolution est alors engagée pour conserver les quatre emplois de la lingerie. "L'établissement avait également pour ambition de réinternaliser le traitement du linge grand plat, petit plat et les vêtements professionnels qui étaient sous-traités à un ESAT mais qui ne nous donnait pas satisfaction.", ajoute Maria Rennis. L'EHPAD départemental investit alors sur ses fonds propres dans la mise aux normes des locaux et l'achat de matériel adapté. Des travaux et un travail de fond sont menés pour améliorer l'aspect organisationnel et la qualité de services.
"L'objectif était triple : maîtriser l'hygiène, améliorer la prestation linge et valoriser tout le travail accompli par le personnel de la blanchisserie", explique Anne Bonnet, responsable qualité de l'établissement. Améliorer le circuit du linge pour cet établissement qui compte 4 résidences réparties sur le Creusot et 353 lits au total n'a pas été une sinécure. Mais les efforts et l'investissement des équipes ont porté leurs fruits : en 2010, la blanchisserie obtient la qualification RABC, qui permet de définir et de mettre en oeuvre les actions ayant pour but d'assurer la qualité microbiologique des textiles. Une qualification étendue en 2012 à l'ensemble du circuit du linge et reconduite jusqu'en 2016. "Il nous faudra refaire un audit par un prestataire externe pour que la certification RABC soit maintenue",
Nouvelles méthodes de travail
Grâce à l'accompagnement d'un cabinet d'audit, tous les points critiques dans le circuit du linge ont été identifiés. Autant de points où la vigilance est de mise. "Le tri du linge sale, le choix du programme lessiviel, le séchage, la manipulation du linge propre, l'hygiène des tenues, l'hygiène des mains, la redistribution du linge propre dans les chambres, le nettoyage des machines et des locaux, le transport...", énumère Maria Rennis. Et d'ajouter "Le linge peut avoir un rôle important dans la transmission des bactéries. La méthode RABC a établi des règles de bases et de nouvelles méthodes de travail. Le personnel a été sensibilité et formé à la lutte contre les risques microbiologiques liés au linge. Il y a beaucoup de protocoles à intégrer pour apprendre à travailler différemment. Cela a pu se faire grâce à la bonne implication du personnel qui a été formé en interne".
Depuis cette nouvelle organisation, le personnel soignant est lui-aussi plus vigilant. "L'hygiène du linge participe aux soins des résidents, c'est pourquoi le personnel soignant, le cadre de santé ont été présents lors des groupes de travail. Des protocoles ont été mis en place dans le cadre du Centre de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales (CLIN) par le pharmacien de l'établissement", complète Anne Bonnet.
Car le respect de la méthode RABC est un enjeu quotidien pour les équipes qui se doivent d'adopter les bons réflexes, d'effectuer des contrôles stricts et respecter à la lettre un cahier des charges. "Nous avons mis en place un système de contrôle journalier, mensuel, semestriel. Régulièrement, des prélèvements microbiologiques sont réalisés à la sortie des machines de la blanchisserie, dans les locaux de stockage du linge, sur les surfaces, sur le linge, sur les mains...Éléments essentiels de preuve de la propreté du linge en cas d'infection d'origine inconnue. La traçabilité ultra-précise du circuit du linge et la surveillance du respect de la norme sont les aspects les plus lourds de la méthode RABC. Il y a nombre de documents à remplir: noter l'heure d'arrivée des chariots de linge, l'heure de sortie du dernier lot. Idem pour la section livraison", explique Maria Rennis.
La reconnaissance du rôle du personnel
Si l'adoption de la norme RABC n'est pas obligatoire en EHPAD, l'établissement du Creusot se satisfait d'avoir opté pour mise en place d'un service de blanchisserie de qualité qui compte désormais 11 personnes à temps plein et deux en contrat d'accompagnement à l'emploi (CAE). "La méthode RABC demande plus de travail mais c'est avant tout une autre façon de faire. C'est aussi un moyen de reconnaître l'importance du rôle du personnel de la lingerie dans la qualité de la prise en charge des résidents. Et on a tendance à l'oublier dans les EHPAD ! Très souvent dans les structures pour personnes âgées, le linge est distribué par les soignants. Aujourd'hui, au Creusot, c'est le personnel de la lingerie qui range les vêtements dans les casiers personnalisés et va distribuer le linge dans les chambres. Cela permet de recueillir directement les remarques et les attentes des résidents. Par ailleurs, avec la traçabilité, les plaintes des familles lors de la perte d'un vêtement ont chuté de 80%, comme pour les vêtements professionnels", se satisfait Maria Rennis.
Qui dit investissements dans la fonction linge, dit impact sur le tarif hébergement et sur le reste à charge des résidents. "Cela a eu une répercussion raisonnable sur le tarif hébergement, de l'ordre de 1,41 euros du kilo en 2012", assure Anne Bonnet. L'EHPAD du Creusot a trouvé un moyen de faire rentrer quelques recettes suite à ce chantier. La blanchisserie traite le linge des résidents d'un EHPAD de 80 lits de Montcenis, tous les vêtements du personnel du restaurant du CROUS (centre régional universitaire) et les couvertures de la police.