En termes de prévention et d'accompagnement du parcours de vie des aînés, le développement de l'accueil de jour et du passage à une logique de plate-forme gériatrique et de soin participerait d'une politique de la longévité bien mieux adaptée aux besoins et désirs des personnes et aux territoires concernés. C'est la notion d' « Ehpad hors les murs ».
L'enjeu des métiers
Le terme de maison de retraite ouverte sur l'extérieur serait d'ailleurs moins anxiogène...
Peut-être faudrait-il renommer les EHPAD, dont l'image est injustement catastrophique ? Par exemple en Maisons d'accueil des Ainés et de l'Autonomie (M3A) ?
Signalons que ce type d'approche répond aux attentes des personnes : selon un sondage Odoxa de juillet 2017, face à la perte de capacité physique, pouvoir alterner vie à domicile et accueil en établissement spécialisé, serait privilégiée par 37% des plus de 50 ans.
Penser le lieu d'accueil comme une plaque tournante de soin et de liens
L'établissement permet l'exercice regroupé de la médecine, de la prévention et de l'accompagnement, sur place et à domicile.
Les approches de la e-santé pouvant aussi favoriser, sans déplacement, un suivi régulier et certaines interventions. Si dans de très nombreux territoires, l'aspect gériatrique sera majoritaire, il n'empêche que le soin est aussi généraliste. Notons que le projet « Ma santé 2022 » du gouvernement indique très clairement la volonté de labelliser les premiers « Hôpitaux de proximité », dont une des missions sera le soin aux aînés, avec un objectif à terme de plus de 500 établissements sur le territoire.
Reste que toute politique en faveur du soutien aux plus vulnérables pose la question -essentielle- de la valorisation des métiers du care, du recrutement et de l'accompagnement des personnes, à 85 % des femmes, parfois en situation de fragilité familiale, culturelle et/ou économique.
Si l'on évoque toujours les centaines de milliers d'emplois potentiels de ce secteur, on oublie souvent la problématique de son déficit d'attractivité et la nécessité d'ouvrir des crédits pour financer ces métiers. Dans de nombreux bassins de vie, dans le rural comme dans les métropoles, l'accompagnement des aînés en grande fragilité est complexifié par la question du manque de personnels et de compétences.
Serge Guérin
Sociologue. Professeur à l'INSEEC, directeur du MSc « Directeurs des établissements de santé ».
Vient de publier Les quincados Calmann-Lévy, 2019