L'évaluation externe n'intervient qu'une fois l'évaluation interne réalisée. Mais beaucoup d'établissements n'ont pas encore transmis leur rapport d'auto-évaluation. Ce qui laisse augurer un embouteillage en fin de délai réglementaire...
L'évaluation externe dans les EHPAD : un objectif mal évalué !
Toutes les maisons de retraite n'ont pas encore réalisé leur évaluation interne. En fait, l'évaluation interne demande un travail considérable, qui n'est pas seulement administratif mais engage véritablement tous les personnels des établissements, direction comprise. Sa préparation est souvent complètement sous-évaluée.
Partant, l'évaluation externe reste pour beaucoup un objectif lointain - bien que le temps presse... De fait, suivant le bilan des évaluations externes au 31 décembre 2011 publié par l'ANESM, seuls 6,13% des établissements médico-sociaux ont réalisé cette évaluation (sur 24 512 établissements, secteur handicap compris). Ce qui est très peu.
Dans les EHPAD seules 93 missions ont été réalisées en 2010 et 2011. Une misère ! Ce qui supposerait qu'un travail intense s'effectue en 2012 pour une évaluation externe réalisée fin 2014. Mais qu'en est-il ? " je m'inquiète du peu d'établissements engagés dans la démarche d'évaluation externe, note un évaluateur . Les directeurs pensent qu'il va y avoir une année ou plus dérogatoire au regard du nombre de structure à évaluer ". Rien n'est moins sûr.
Evaluer des coûts d'évaluation très variables
D'autre part le coût de l'évaluation externe est souvent mal " évalué " d'autant plus que les tarifs sont très variables : ils vont, pour les EHPAD, de 897€ minimum à 17 940€ maximum.
Enfin, certains départements prévoient une ligne budgétaire non reconductible pour financer le coût de l'évaluation externe et pas d'autres...
A cela s'ajoute une grande quantité de référentiels d'évaluation pour des EHPAD. Un référentiel unique, avec options, aurait facilité la tâche des directions qui sont tentées de piocher dans plusieurs référentiels à la fois.
Du côté des évaluateurs, il est important de signaler que s'il y a plus de 800 évaluateurs agrémentés par l'ANESM, beaucoup n'ont jamais évalué d'EHPAD. Leur expérience en ce domaine est faible puisque suivant le dernier bilan de l'ANESM le nombre moyen d'évaluations réalisées sur l'ensemble des ESSMS n'est que de 3, tous types d'établissements confondus!
Si tous les établissements se décident au dernier moment, soit fin 2014, les directeurs n'auront plus vraiment le choix de l'évaluateur, les plus expérimentés sur le terrain des EHPAD seront probablement les plus sollicités. Par ailleurs comment repérer le bon évaluateur alors qu'à peine décernées, des habilitations viennent d'être retirées à certains cabinets!
Délais et reports
On peut aussi se demander comment les rapports d'évaluation pourront être traités rapidement. Le manque d'harmonisation des méthodes d'évaluation et l'inexpérience de beaucoup d'évaluateurs ne facilitera pas le travail des personnes chargées de lire les abrégés et de piocher dans les rapports pour avoir des informations exploitables. Notons que ces rapports n'ont pas été conçus pour un traitement automatisé ce qui ne permettra pas d'en tirer des statistiques et repoussera les conclusions d'autant. Les conclusions seront-elles disponibles au moment du renouvellement des autorisations ?
Y aura-t-il report les dates de dépôt des évaluations ou des renouvellements provisoires d'autorisation?
En cas d'évaluation externe non réalisée ou de rapport défavorable que se passera-t-il pour les établissements ?
Ces questions sont importantes mais seront résolues le moment venu. L'important c'est bien d'avoir mis en marche les établissements vers un niveau supérieur de qualité !