Au regard des attentes des seniors d'aujourd'hui et de demain, au regard aussi des contraintes économiques et des enjeux de la transition énergétique, la notion d'habitat inclusif est une piste à travailler.
L'habitat face à la société de la longévité
Ces formes émergentes de manière d'habiter entendent fédérer et stimuler les approches en faveur d'un mode de logement luttant contre l'isolement des plus âgés, les ghettos de toutes sortes et les espaces mal adaptés aux personnes en difficulté d'autonomie[1]. Il s'agit de favoriser le partage et la mutualisation des services pour favoriser la vie en commun, la qualité de vie et les ressources individuelles et collectives. L'habitat inclusif se veut un nouveau modèle d'habitat accompagné, partagé, et inséré dans la vie locale pour les personnes handicapées ou âgées ayant besoin d'être soutenues dans leur projet d'autonomie.
Quatre caractéristiques forment un habitat inclusif : la notion de libre arbitre où la personne doit être consultée et associée au choix de ce mode de vie ; le fait que cette forme d'habitat ne s'inscrit en rien dans un dispositif de type social ou médico-social ; l'habitat inclusif implique par nature la liberté de mouvement, de rencontre et d'accès simple aux services et commerces de proximité ; un projet de vie sociale et partagée soutenu par un accompagnement des personnes.
Plus largement, l'habitat inclusif ne se pense pas comme une méthode unique mais comme une démarche plurielle destinée à s'adapter aux conditions économiques, géographiques et culturelles des personnes. Et doit prendre en compte les besoins et désirs des personnes concernées. Les habitats peuvent prendre aussi bien la forme de logements individuels que collectifs ou de colocations. La question est de créer et d'accompagner des espaces partagés. En France, la Cnav a porté depuis plusieurs années la notion d'habitats regroupés[2] incluant des espaces collectifs et mutualisés pour favoriser le lien social, le partage et les activités communes. L'enjeu est aussi de renforcer les politiques de prévention par l'activité physique adaptée et par la socialisation des habitants mais aussi du voisinage.
Les béguinages, qui relèvent d'un habitat traditionnel d'abord instauré dans les communautés religieuses dans le nord de la France, participent de ces manières différentes de penser l'habitat inclusif. Il s'agit de petites unités construites autour d'une place de village pour, là aussi, produire du lien social et un mode de vie qui s'apparente au vécu précédant des personnes. Ces démarches très riches nécessitent des moyens lourds mais offrent une passerelle entre « vie d'avant » et « vie de maintenant ».