Pour ce quatrième et dernier « épisode » sur l'habitat, qui reste au coeur des enjeux d'un bien-vieillir, il convient, sans doute, de terminer par la prise en compte de l'aménagement du territoire.
L'habitat face à la société de la longévité
Face à la transition démographique, l'un des leviers majeurs d'amélioration des conditions de vie et d'accompagnement des aînés comme des seniors réside dans la mutualisation des moyens et dans la mobilisation du tissu social (PME, associations, bénévoles, institutions, collectivités...) et des personnes et/ou de leurs proches. Au-delà des apports du numérique, du suivi médical à distance, une partie des réponses peuvent venir d'une autre mobilité : aller vers les personnes. La multiplicité des initiatives comme les Opticiens mobiles où les opticiens se déplacent en camion vers les personnes âgées, en difficulté de mobilité ou portées par certaines collectivités. De très nombreuses collectivités s'inscrivent depuis plusieurs années dans cette dynamique de rapprochement vers les personnes et de mobilisations de solutions numériques.
Toutes ces initiatives s'inscrivent dans une démarche de proximité plus globale pour construire une société accessible de la longévité. D'une certaine manière, à l'ère du numérique et du virtuel, il s'agit aussi, comme nous le signalons régulièrement, de « penser avec les pieds » le soin et l'accompagnement au plus proche des habitants, de développer des actions solidaires de proximité qui contribuent à l'inclusion sociale et qui trouvent une réalité économique pertinente[1].
Car l'approche transversale de la question du vieillissement implique une mise en perspective de l'aménagement du territoire. L'enjeu est énorme, sur le plan de la vie quotidienne et de l'économie locale. Une société durable et inclusive repose largement sur des métropoles et des territoires de la longévité. Par exemple, améliorer l'accueil et l'accompagnement des aînés fragilisés via des établissements et des services contribue à dynamiser l'emploi et l'activité sur le territoire, et, par ricochet, contribuer à réduire l'exode économique des jeunes ou augmenter les effectifs des écoles... Développer une approche plus mutualisée des lieux d'accueil des plus âgés, inventer des passerelles entre établissements médicalisés et lieux diversifiés d'habitat, seront certainement des pistes qui vont se développer.
Le pays est traversé de multiples initiatives autour de l'habitat intergénérationnel qui favorisent des solidarités de proximité et le partage d'équipements, portées par des individus, par des bailleurs sociaux, par des mutuelles, par des communes... Pensons aux initiatives de résidences multigénérationnelles où des logements individuels sont habités par des aînés autonomes et d'autre part des familles ou des étudiants. Évoquons les démarches portées par le bailleur social 1001 Vies Habitat avec « Chers Voisins » où des résidences HLM accueillent des aînés en s'appuyant sur un réseau de voisins plus jeunes qui soutiennent. De son côté, Âges & Vie réalise des petits ensembles de logements accueillant des aînés en perte d'autonomie et des familles dont au moins un membre est auxiliaire de vie. Cela permet de supprimer les temps de transport et de mutualiser les interventions.
La question d'un habitat intergénérationnel ne répond pas seulement à une approche inclusive de l'avancée en âge et du soutien aux liens sociaux : elle s'inscrit dans une vision anthropologique de notre futur.
L'enjeu est aussi celui des représentations sur la prise d'âge. De la société et des âgés eux-mêmes. Car la capacité de la société à s'adapter à l'allongement de la vie repose sur la transformation du regard social concernant l'âge.