Polypathologiques, les personnes âgées absorbent chaque jour plusieurs médicaments. Pour réduire ces prises et leurs risques associés, l'homéopathie, une pratique intégrative mobilisée par l'Agence des médecines complémentaires adaptées (A-MCA), représente une solution complémentaire intéressante, notamment en Ehpad.
L'homéopathie en Ehpad : une solution complémentaire pour les personnes âgées
« L'intérêt de l'homéopathie pour les personnes âgées se manifeste sur deux versants »[1], indique le Dr Frédéric Rérolle, médecin généraliste, gériatre et homéopathe, aujourd'hui à la retraite, ayant exercé cinq ans en Ehpad. Cette méthode thérapeutique permet de diminuer la posologie de certains médicaments prescrits dans le cadre d'affections cardiovasculaires ou pulmonaires par exemple. « Cette approche reste toutefois difficile à initier et exige un travail de fond », prévient-il. Le second axe, plus simple à mettre en oeuvre, consiste à prescrire de l'homéopathie pour les pathologies aiguës et infectieuses. « Les personnes âgées, fragiles, sont souvent sujettes à des gastroentérites, conjonctives, rhinopharyngites, grippes saisonnières ou encore bronchites, énumère le Dr Rérolle. La prescription d'homéopathie évite l'ajout d'un énième traitement médical. » L'intérêt étant de réduire les effets indésirables dont les conséquences peuvent être lourdes.
Outre les pathologies aiguës, l'homéopathie peut aussi être utilisée dans d'autres contextes tels que les syndromes dépressifs, l'anxiété, la tristesse ou encore certaines douleurs comme celles liées à l'arthrose. « Prescrire de l'homéopathie induit nécessairement de tenir compte de l'ensemble des traitements du patient, insiste le Dr Rérolle. L'homéopathe doit effectuer une lecture globale des ordonnances afin de diminuer, si possible, les traitements et de contribuer à améliorer le confort de vie de la personne. » Une vision partagée par Véronique Suissa, docteur en psychologie et directrice de l'A-MCA : « L'accompagnement global est essentiel pour les personnes âgées en Ehpad. Il ne s'agit pas seulement d'administrer des soins médicaux mais surtout de prendre soin. »[2]
Un travail d'équipe
L'intégration en Ehpad des pratiques complémentaires telles que l'homéopathie requiert le soutien de l'ensemble de l'équipe soignante. « Généralement, les patients et les familles adhèrent à la démarche, indique le Dr Rérolle. En revanche, les équipes demandent à être convaincues. » Il encourage à former l'ensemble des membres de l'établissement pour qu'ils comprennent les principes de base de l'homéopathie. D'après Véronique Suissa, le constat est analogue pour les autres pratiques complémentaires : « même pour des approches pleinement intégrées comme les art-thérapies, le sens de l'usage n'est pas toujours évident pour les professionnels qui ont peu de repères en la matière. Former l'écosystème sanitaire et médico-social est un enjeu, comme celui de sensibiliser les usagers, y compris les plus fragiles, pleinement concernés par leur bien-être[3] ». La démarche homéopathique repose spécifiquement sur une bonne connaissance des résidents. « En étant quotidiennement à leur côté, les aides-soignants et les infirmiers sont les mieux placés pour partager des informations pertinentes au médecin », ajoute le Dr Rérolle. L'usage des pratiques complémentaires en Ehpad implique donc et surtout une adhésion de la direction. « L'enjeu est de mieux articuler le cure et le care en sensibilisant l'ensemble des acteurs à la santé intégrative », conclut la directrice de l'A-MCA.