La Fédération Hospitalière de France (FHF) a présenté ce lundi 17 mars les résultats de la deuxième édition de son « baromètre de l'accès aux soins ». Elle souligne une amorce de reprise qui doit encore être consolidée.

L'hôpital public a encore besoin de soutien
« La situation de l'accès aux soins en 2024 indique que nous sommes à un tournant, explique Arnaud Robinet, président de la FHF. « L'hôpital public a besoin d'un soutien accru pour amplifier ses efforts et éviter un retour en arrière, voire une situation plus dégradée qu'à la veille du Covid vu l'aggravation des finances hospitalières. Alors que les voyants sont au rouge sur le plan budgétaire, il est urgent de mettre en place une logique de programmation pour se donner les moyens de construire une politique de santé soutenable sur le long terme ».
Pour la première fois depuis la crise, la dette de santé publique accumulée lors du Covid amorce une phase de résorption : le sous-recours cumulé est, à fin 2024, de 3 millions de séjours (vs. 3,5 millions en 2023). Cette tendance s'explique par un fort dynamisme de l'activité hospitalière en 2024, avec des niveaux de recours supérieurs aux attendus, notamment grâce au rattrapage des activités déprogrammées les années précédentes.
Cette dynamique de reprise touche toutes les classes d'âge, à l'exception des plus de 85 ans, qui continuent de présenter un sous-recours aux soins de -6 % par rapport aux niveaux attendus.
L'enquête souligne également que parmi les 70 ans et plus, le sous-recours reste particulièrement marqué avec -7,3 %, soit 220 000 séjours non réalisés. Certaines spécialités sont particulièrement touchées : la cardiologie (-10 %), la prise en charge du système nerveux (-9 %), digestive (-8%), la rhumatologie (-8 %). Au total, ces spécialités représentent un tiers des activités de médecine, pour un total de 180 000 séjours non-réalisés.
La chirurgie est également concernée, avec un retard persistant sur les interventions complexes, notamment en chirurgie digestive (-7 %) et neurochirurgie (-5,5 %). Pour le reste, l'activité a globalement retrouvé et même dépassé en 2024 son niveau de 2019.
Pourtant, l'inquiétude persiste
L'évolution de l'ONDAM ne vient pas appuyer suffisamment la dynamique de recrutement des établissements publics de santé (le nombre de postes vacants diminue pour les infirmiers en soins généraux et les aides-soignants, passant de 5,7 % en 2022 à 3 % en 2023) ou permettre de poursuivre sereinement l'investissement (en raison de l'augmentation du coût de la construction et de la remontée des taux d'intérêt), alors que le taux de vétusté moyen des EPS était de 58 % en 2023.
Dans le champ médico-social, la situation reste particulièrement préoccupante et les perspectives 2025 sont aggravées par les augmentations de cotisations CNRACL si elles n'étaient pas compensées. Et ce, dans un contexte démographique qui suppose au contraire de renforcer l'offre de manière urgente.