Les soins de bouche et l'entretien des prothèses dentaires semblent depuis quelques années être mieux pris en compte dans les établissements médico-sociaux. Formation des soignants, sensibilisation aux effets d'une hygiène bucco-dentaire douteuse, souci d'améliorer la qualité de vie des âgés représentent la clé du succès, le trio gagnant.
L'hygiène bucco-dentaire, une question de santé publique
Longtemps parent pauvre du soin, l'hygiène bucco-dentaire se fraie désormais un timide chemin dans les EHPAD. Les équipes sont conscientes de leur responsabilité et désireuses de se former aux techniques de la santé orale car un lien est aujourd'hui établi entre un état de bouche délétère et un risque de dénutrition, la mastication générant de grandes souffrances pour les personnes âgées.
Entretenir les prothèses
La gestion de la prothèse devient alors une réponse économiquement viable. « Une personne âgée n'a ni le temps ni les moyens de refaire ses prothèses. Il faut donc trouver des alternatives pour les entretenir », explique Cathy Piquemal, responsable commerciale de la société Conceptys. Au fil des ans, et parce que les personnes âgées maigrissent, leurs gencives ont tendance à s'affaisser. Privées d'une mastication satisfaisante, ces personnes ne trouvent souvent que le passage à une alimentation mixée comme réponse à leurs difficultés. « Pour lutter contre cette perte d'autonomie programmée, nous proposons des kits de rebasage », ajoute Cathy Piquemal. « Ils permettent aux équipes d'adapter les prothèses aux gencives de leurs propriétaires sans en fabriquer de nouvelles. »
Des formations adaptées
Une formation des équipes est alors proposée pour découvrir et bâtir des protocoles ajustés au fonctionnement de chaque établissement. « Cette démarche est dynamisante pour les soignants, qui s'inscrivent dans une logique de bientraitance et d'amélioration de la qualité de vie des personnes accueillies, confirme Cathy Piquemal. Un premier nettoyage de prothèse est réalisé dans un camion laboratoire durant la nuit pour ne pas gêner les résidents. A cette occasion, une puce indiquant le nom et le numéro de chambre du propriétaire est installée sur chaque prothèse. Devant son efficacité, ce dispositif a d'ailleurs été adapté pour les lunettes et les prothèses auditives. Les équipes peuvent ensuite entretenir les prothèses grâce à un nettoyage réalisé une à deux fois par an. »
Un réseau mobilisé
Les prothésistes travaillent aujourd'hui avec leur syndicat national pour pallier au manque de praticiens dans les établissements. « Nous réfléchissons à la création d'une plate-forme qui permettrait de mettre en réseau dentistes et prothésistes, ajoute Cathy Piquemal. Le but est d'améliorer la réactivité et de limiter les coûts d'intervention en renvoyant vers des dentistes ou des prothésistes locaux. Soutenus par le ministère, nous nous inscrivons ainsi dans une démarche économique et sociale qui vise à faciliter le quotidien des plus âgés. »
Encadré :
Un rebasage de prothèses varie de 200 à 400 euros en cabinet dentaire.
En EHPAD, son coût varie de 35 à 50 euros, financé le plus souvent par des crédits non reconductibles ou par les budgets soins.
Encadré :
Des bâtonnets de nettoyage, pour un bien-être immédiat
Fabricants de bâtonnets mousse biseautés, en forme d'étoile, conique ou gratte-langue, INTER.MED Laboratoires a rendu les soins de bouche plus faciles. « Il y a 10 ans, on faisait des toilettes intimes mais pas de toilettes buccales » , explique Marlène Négron, responsable de la communication de la marque. « Il y avait à cela plusieurs raisons. La peur d'être mordu bien sûr, mais aussi la gêne liée aux odeurs, le sentiment de toucher à l'intimité de la personne, la crainte de mal faire... Les bâtonnets de nettoyage semblent avoir balayé une partie de ces craintes. D'autant qu'ils s'adaptent aux goûts de chacun. Trempés dans une solution à base de bicarbonate aromatisée à l'orange, à la fraise, à la menthe, normale ou poivrée, ils peuvent aussi être plongés dans du coca ou du jus d'ananas pour satisfaire les désirs des résidents. »
Forte de sa quinzaine de produits, la marque complète sa gamme avec des bâtonnets pour le nez et depuis 2015 des bacs nettoyants pour les prothèses dentaires. Grâce aux ultrasons, 8 minutes suffisent pour décoller la plaque dentaire et redonner aux personnes une nouvelle fraîcheur.
« Cette solution gain de temps est efficace et améliore les conditions de travail des soignants, ajoute Marlène Négron. Le nettoyage peut se faire dans la chambre pendant la toilette, limitant ainsi les risques de perte des prothèses. Son prix s'élève à 50/60 euros pour un bac individuel qui se désinfecte et peut rester dans la chambre du résident. »