L'infirmière coordinatrice n'est pas suffisamment reconnue dans son rôle d'organisatrice et de gestionnaire des équipes en EHPAD. Avec d'autres IDEC, Blandine Delfosse a créé une fédération d'associations locales, la FFIDEC. Interrogée, elle explique pourquoi et comment la FFIDEC peut faire avancer la reconnaissance de leurs missions.
L'IDEC est dans un rôle de manager
Blandine Delfosse, qui êtes-vous ?
Je suis infirmière de formation, actuellement en poste dans un réseau de santé de santé tri-thématiques gériatrie, oncologie soins palliatifs, en tant qu'infirmière coordinatrice. J'ai un parcours assez typique de soins infirmiers et d'évolution vers la coordination.
Pourquoi avoir ressenti le besoin de créer cette fédération ?
A l'occasion des premières Assises des Infirmières Coordinatrice, des associations locales se sont présentées et ont exprimé leur difficulté à exister de façon pérenne. Ce n'est qu'aux secondes Assises qu'un appel a été lancé afin de créer la Fédération dans une perspective de soutenir ces associations locales, mais également d'apporter une réponse sur l'ensemble du territoire.
Il existe déjà des fédérations d'infirmières mais ne travaillant pas forcément dans les EHPAD ?
Oui c'est pour cela que nous avons souhaité être assez larges et englober tous les postes d'IDEC que l'on retrouve dans le champ du médico-social, du handicap mais également dans les SSIAD et en HAD.
Vous considérez que c'est un métier complètement différent ?
Selon le lieu d'exercice, il existe des différences : en SSIAD ou en réseau nous n'avons pas du tout les mêmes fonctions, les mêmes missions, les mêmes contraintes que dans les EHPAD. Les fiches de poste, les profils sont définis en fonction de la structure où l'on exerce. C'est en cela qu'on voudrait être amenées à échanger, toutes ensemble, pour -non pas poser un cadre et ne pas en sortir- mais avoir un espace de parole parce qu'on se retrouve très rapidement isolées dans nos fonctions. Il n'y a pas aujourd'hui de représentation officielle de ce que nous sommes.
Les IDEC font souvent office de cadre de santé dans les établissements, sortant de leur métier d'infirmière ?
Beaucoup aujourd'hui ont le statut de cadre de santé sans avoir forcément le diplôme de cadre. Aujourd'hui elles ne sont plus dans le soin : elles sont vraiment dans la gestion de soins, la gestion de ressources humaines. Elles sont souvent identifiées comme "la personne ressource" pour les directions en poste et les usagers.
Elles sortent de leur métier sans avoir les compensations qui vont avec ?
Elles n'ont pas toujours la reconnaissance du titre ou la reconnaissance financière. On ne veut pas se lancer sur ce sujet parce qu'il faudrait négocier une grille de salaires englobant un champ très large allant du privé à l'associatif et au public. On ne pourra jamais définir un salaire commun mais c'est vrai que ces postes de coordination ne sont pas tout à fait cadrés et définis dans leurs missions.
Vous avez déjà fait de nombreux adhérents ?
Les inscriptions commencent à arriver. Nous allons faire un point prochainement au cours de notre seconde réunion de bureau. Nous avons aussi des associations locales qui attendent pour adhérer. Nous avons défini un prix d'adhésion individuel mais nous n'avions pas encore défini le tarif pour les associations.
Quelles actions ou revendications envisagez-vous ?
Les revendications ne sont pas pour tout de suite, nous cherchons surtout dans un premier temps à faire un état des lieux, une sorte de cartographie de ce qui se passe sur notre territoire, avoir des échanges, et pourquoi pas constituer des groupes de travail (avec quelques établissements qui sont formateurs sur la fonction d'IDEC). Nous avons le projet de rencontrer la secrétaire d'Etat aux personnes âgées et à l'autonomie, Mme Boistard.
Nous souhaitons, qu'au même titre que le poste de D-directeur ou de médecin coordonnateur, le statut et les missions de l'IDEC soient clairement définis et inscrits dans les textes.
En quoi consiste ce travail de coordination en EHPAD qui est si spécifique ?
Ce travail de coordination comprend la gestion des ressources humaines, la gestion du matériel, d'un budget, la coordination entre les différents intervenants et acteurs de soins, l'accompagnement du patient et de l'aidant. Dans le champ du handicap, c'est beaucoup plus flou parce que les éducateurs ont une place très importante dans cette gestion mais on la retrouve aussi.
Quelle différence entre une infirmière et une IDEC ?
Une infirmière est un acteur de soins tandis qu'une IDEC ne fait plus de soins mais les organise, les coordonne, afin d'en assurer la continuité. Elle est dans un rôle de manager. Il n'existe qu'un diplôme universitaire (sur Paris). Il y a aussi l'institut Meslay qui propose une formation très complète. Justement nous sommes en train de répertorier toutes les formations qui existent car il y a de nombreuses petites formations d'une soixantaine d'heures sur l'année mais qui sont diplômantes.
Les IDEC sont souvent nommées par promotion interne. Quand il y a un départ d'IDEC soit on recrute en externe soit on n'a pas cette possibilité et on promeut en interne une personne qu'on décide de faire évoluer. Il y a d'excellentes IDEC qui ont été promues en interne mais on aimerait qu'il y ait un accompagnement obligatoire.
Elles peuvent se retrouver en grande difficulté, non pas dans la gestion de soins mais dans la gestion des équipes. Identifier des besoins et y répondre, c'est notre coeur de métier. Gérer les ressources humaines ne fait pas partie de notre formation initiale, et cela peut conduire à une mise en échec assez violente.
Quel est votre prochain rendez-vous ?
Pour l'instant nous fonctionnons avec un bureau provisoire, une présidente et des statuts provisoires... La FFIDEC aura sa première assemblée générale en octobre ou novembre prochain.
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