La vitamine D est essentielle dans la prévention des chutes notamment chez les personnes âgées les plus déficitaires. Des travaux récents plaident pour des doses moins fortes mais à intervalles plus courts qu'actuellement.
L'important, c'est la dose
Prévention de l'ostéoporose, des chutes, des fractures... La supplémentation médicamenteuse en vitamine D s'avère « simple, peu coûteuse et sans risque » répètent les spécialistes.
Le Groupe de recherche et d'information sur les ostéoporoses (Grio) l'a écrit en 2011, il « paraît licite d'envisager une approche préventive de supplémentation systématique, sans dosage, chez tous les sujets de 65 ans et plus, dont la probabilité d'un déficit en vitamine D est extrêmement élevée, alors que le risque de surdosage est quasi nul » - les personnes âgées vivant en institution en particulier étant « très exposées » au risque de carence vitaminique D.
La Haute Autorité de santé (HAS) a recommandé en 2005 cette supplémentation en prévention des chutes accidentelles chez la personne âgée, et l'a préconisée systématiquement en Ehpad, notamment pour réduire les hospitalisations non programmées des résidents (2015). Ensuite les différents protocoles tiennent compte de l'état clinique, de l'âge, du risque de fracture, de l'institutionnalisation ou non... Les spécialités dosées à 50 000 UI/ml (solution buvable en ampoule) sont les plus utilisées, à intervalles d'un, deux ou trois mois. Il en existe aussi dosées à 10 000, 80 000, 100 000 et 200 000 UI/ml (ampoules ou capsules molles).
50 000 UI tous les mois plutôt que 100 000 tous les deux mois
Mais dans une mise au point de 2019 sur la supplémentation en vitamine D en France chez les patients ostéoporotiques ou à risque d'ostéoporose, plusieurs spécialistes du Grio ont fait état de données récentes qui suggèrent que l'administration de doses journalières modérées plutôt que de fortes doses administrées de manière intermittente devrait être privilégiée, en particulier chez les patients âgés chuteurs. À condition de disposer d'une forme galénique (ou forme pharmaceutique, comprimé, capsule, etc., ndlr) mieux adaptée que les gouttes à une administration journalière (1 000 UI), ce qui n'était pas le cas en France en 2019. Les auteurs proposaient alors de maintenir les recommandations de 2011 du Grio, mais en choisissant les posologies les moins élevées parmi celles disponibles et les intervalles les plus courts possibles, par exemple 50 000 UI de vitamine D3 tous les mois plutôt que 100 000 UI tous les deux mois.
Or, la HAS a rendu le 15 décembre 2021 un avis favorable au remboursement d'une nouvelle présentation de vitamine D3 en capsules molles : l'Uvecaps 1 000 UI (30 capsules molles sous plaquette) et 20 000 UI (4 capsules) - l'Uvecaps 1000 permettant désormais une prise quotidienne avec, pour les patients âgés fragiles ayant un risque particulier de chutes et de fractures, une posologie de deux capsules par jour.
Mais avis favorable ne vaut pas remboursement ! Pour le 1 000, rien ne semble gagné, « ce qui risque de limiter son utilisation, précise à Géroscopie le Pr Bernard Cortet, président du Grio. Pour le 20 000, la posologie standard, mais à adapter en fonction de résultat du dosage de vitamine D, pourrait être d'une capsule toutes les deux semaines. Nous discuterons de l'intérêt d'une adaptation des recommandations en fonction de ces nouvelles galéniques lors de notre prochain conseil scientifique de septembre. »