La santé au travail, et la lutte contre les troubles musculo-squelettiques (TMS) en particulier, sont reconnues comme des enjeux prioritaires, pour les employeurs comme pour les salariés. Comment accompagner au mieux les dispositifs de prévention pour enrayer les accidents et arrêts de travail dans un secteur déjà fragile ? C'est notre dossier de rentrée.
L'information, une donnée clef
10 millions de journées de travail perdues
Les troubles musculo-squelettiques, rappelons-le, constituent la première cause d'arrêts de travail, qui représentent plus de 10 millions de journées en 2015, selon Santé Publique France. Un chiffre qui aurait augmenté de 4,6 % en 2016 et de 4,4 % en 2017.
Les médecins relèvent deux phénomènes : l'évolution des métiers, qui génèrent davantage de stress et de burn out, mais surtout une progression des pathologies du dos et de troubles rhumatismaux, directement liés à la répétition de gestes inadaptés ou au port de charges lourdes. Ces chiffres sont particulièrement élevés dans le secteur de la santé et du médico-social... devant le bâtiment, la distribution et les transports.
Le coût de l'absentéisme est réel pour l'entreprise. Et les salariés en ont conscience. Dans un sondage « Regards sur la santé au travail », réalisé par Odoxa pour les Service aux entreprises pour la santé au travail ( SEST) en mai 2019, plus de 3 actifs sur 4 (79%) pensent que l''absentéisme a un fort impact sur les entreprises en France, voire pour un quart d'entre eux, un « très fort impact ».
Un manque d'information
58% des actifs a déjà été concerné par des douleurs liées à son travail, dans le dos, les bras les poignets. Pourtant seuls 58% d'entre eux s'estiment correctement informés sur les bons gestes et mesures préventives à adopter, et 55% sur les risques auxquels ils sont exposés (TMS, risques psycho-sociaux...) dans le cadre de leur activité professionnelle. Plus globalement sur la santé au travail en général, ils ne sont que 56% d'actifs à s'estimer être bien informés. La part de ceux se déclarant « très bien » informés sur ces différents aspects de santé au travail varie seulement de 13% à 16%.
Le médecin du travail, un acteur mal utilisé
Lorsqu'on demande aux actifs vers quel interlocuteur ils se tourneraient en priorité s'ils souffraient d'une pathologie due à leur travail, ils sont 82% à affirmer qu'ils s'adresseraient à leur médecin traitant plutôt qu'au médecin de travail en cas de problème de santé lié au travail, alors même que les médecins du travail sont des experts des situations professionnelles pathogènes, et eux aussi soumis au secret médical.
Des Français pourtant sensibles à la prévention santé
Selon le baromètre Santé 3601 publié en Juillet 2019, les Français sont d'accord sur un point : la prévention est plus efficace que le soin. Pourtant si les trois quarts des Français ont eu recours à des consultations préventives (le plus souvent pour dépister des cancers), il existe en réalité d'immenses disparités générationnelles (plus on est âgé, plus on est informé et sensibilisé, et meilleurs sont les comportements adoptés) et sociologiques. Plus on est aisé et éduqué, plus on est sensibilisé... plus on est « pauvre » et peu éduqué, moins on connait et met en pratique une bonne prévention-santé... C'est dire si le développement de la formation et l'accompagnement de l'entreprise sont impactants pour améliorer la prévention et réduire les risques d'accident et de blessure dans le cadre professionnel.