Les personnels des Ehpad sont mis à rude épreuve depuis le début de la pandémie et les RH sont en tension accrue. En 2021, le renfort des contrats aidés va être accentué par rapport aux deux dernières années, et d'autres dispositifs d'insertion sont mobilisables.
L'insertion en renfort RH : des outils pour les Ehpad
Le plan " 1 jeune 1 solution ", présenté le 23 juillet, a remis en selle les contrats aidés avec la création de 10 000 contrats initiative emploi (CIE) dans le secteur marchand d'ici fin 2020, et l'objectif d'atteindre les 20 000 parcours emploi compétences (PEC) prévus pour les moins de 26 ans en 2020 (sur 100 000) dans le secteur non-marchand. Le social et le médico-social devant faire l'objet d'une « attention particulière »... Une circulaire du ministère du Travail du 28 septembre 2020 en a précisé les conditions de mise en oeuvre.
Pour 2021, le projet de loi de finances (PLF 2021) définitivement adopté le 17 décembre par l'Assemblée nationale distingue les crédits correspondants en deux programmes distincts : l'un dans la lignée des orientations des années précédentes avec 100 000 nouvelles entrées en PEC comme en 2019 et 2020 ; l'autre à titre exceptionnel (cadre du plan de relance) avec 60 000 PEC supplémentaires ainsi que 50 000 CIE dans le secteur marchand en faveur de jeunes de moins de 26 ans. Même si on est très loin des niveaux d'avant le coup d'arrêt brutal de l'été 2017 qui avait tant pénalisé les Ehpad, les 210 000 contrats aidés de 2021 constituent un renfort potentiel.
En attendant la mise en oeuvre, et sans les comparer, d'autres leviers sont mobilisables.
Les associations intermédiaires
Par exemple, une opération « Solidarité AI en Ehpad » - AI pour associations intermédiaires-, a été lancée le 1 er décembre par les ministres déléguées à l'insertion, Brigitte Klinkert, et à l'autonomie, Brigitte Bourguignon. Dans un contexte de fatigue préoccupante des personnels, d'absentéisme, de difficultés de remplacement ou de recrutement, les 700 structures d'insertion par l'activité économique (IAE) sont invitées à proposer aux Ehpad la mise à disposition de leurs 60 000 salariés. Et même incitées, puisque jusqu'au 28 février une bonification supplémentaire de 1,50 euros par heure travaillée dans ce secteur sous tension leur sera versée. Désinfection et entretien des locaux, restauration (cuisine, plonge, portage de repas), veille de nuit, espaces verts, manutention, portage des repas, blanchisserie..., les interventions possibles sont estimées à 1 500 équivalents temps-plein sur trois mois, soit 5 000 personnes.
Les associations intermédiaires salarient en CDD d'usage ou CDI à temps partiel des jeunes de moins de 26 ans en grande difficulté, des bénéficiaires de minima sociaux, des demandeurs d'emploi de longue durée ou des travailleurs reconnus handicapés. Elles leur proposent accompagnement socioprofessionnel et formation et les mettent à disposition d'utilisateurs « à titre onéreux » (« prêt de main d'oeuvre »), la mise à disposition d'un même salarié auprès d'une même entreprise étant limitée à 480 heures sur deux ans... sauf dérogation (voir infra.
Les deux ministres citent les exemples du renfort apporté par l'AI du Pays de Brocéliande (35) à 5 Ehpad (8000 heures par an) et par l'AI de Bruz (35) à un (800 heures sur 8 mois). Elles se sont aussi rendues en visite officielle le 10 décembre à l'Ehpad La Mesnie de Saint-Pierre-en-Auge (encadré). Car au-delà de la réponse à l'urgence, il s'agit aussi de travailler à des partenariats durables permettant de développer des parcours qualifiants pour les salariés en insertion. La vocation des AI est aussi de préparer à plus long terme la main d'oeuvre dont ont besoin les secteurs en tension dont les Ehpad, avec comme outil essentiel le Plan d'investissement dans les compétences (PIC) 2018-2022 qui soutient par exemple des actions de validation des acquis de l'expérience ou d'accès à la qualification. Avec 3,3 milliards d'euros d'engagement contre 2,4 milliards en 2020, le PIC fait partie des grands bénéficiaires du projet de loi de finances pour 2021.
Des nouveautés pour l'insertion par l'activité économique
En matière d'IAE, trois nouveautés viennent d'être introduites par la loi n° 2020-1577 du 14 décembre 2020 qu'un décret devra préciser : dérogation possible au plafond de 480 heures ; nouveau « CDI inclusion » pour les seniors de 57 ans et plus ; prolongation possible des CDD d'insertion des salariés de plus de 50 ans, reconnus handicapés ou en difficultés particulièrement importantes ; expérimentation sur trois ans d'un « contrat passerelle » pour favoriser le recrutement « classique » de personnes en fin de parcours d'insertion ; cumul d'un contrat d'insertion avec un autre contrat de travail (CDI ou CDD) à temps partiel. L'objectif du gouvernement est de permettre à 5 000 salariés d'accéder à un CDI d'ici à 2022.
10 000 missions de service civique
Par ailleurs, Brigitte Bourguignon a annoncé le 1er décembre 2020 l'ouverture de 10 000 missions supplémentaires dédiées à l'accompagnement des personnes âgées, résidant en Ehpad ou bénéficiant d'aide à domicile.
En établissement, les jeunes de 16 à 25 ans volontaires, rémunérés autour de 580 euros par mois, pourront par exemple participer à la réalisation d'activités de loisirs (lecture collective ou animation ludique), à l'accompagnement des aînés dans l'utilisation des nouvelles technologies (utilisation des tablettes pour des appels en visioconférence ou d'Internet) ou encore à la sensibilisation à l'application des mesures barrières lors des visites des familles. Les missions durent de 6 à 12 mois. Dans ce cadre, les organismes d'accueil éligibles à l'agrément de Service civique sont les Ehpad publics ou privés non lucratifs (5 600), les résidences autonomie (2 600) et les services associatifs ou publics d'aide à la personne (près de 7 000) ainsi que les communes.
« Nous voulons montrer que la solidarité intergénérationnelle est bien vivante et renforcée en cette période de crise sanitaire, a déclaré Sarah El Haïry, secrétaire d'État chargée de la Jeunesse. Nous avons travaillé à la définition de missions qui permettent à la fois d'améliorer le quotidien des personnes âgées mais également de consolider l'engagement des jeunes. Tout le monde, jeunes volontaires comme personnes âgées à leur contact, en sort grandi et transformé ».