Dernier opus des trois fondateurs de l'Agence des médecines complémentaires adaptées (A-MCA), Les 20 grandes questions pour comprendre l'ostéopathie, en librairie début juillet, apporte un éclairage argumenté sur cette pratique.
L'ostéopathie décryptée dans le prochain ouvrage de l'A-MCA
Pourquoi l'ostéopathie ? Parce que cette pratique complémentaire, « issue d'une histoire pleine de remous, est réglementée par la loi. Cela fait d'elle le "symbole" d'un encadrement possible des pratiques complémentaires », lance Véronique Suissa, directrice de l'A-MCA, en guise d'introduction. Si l'intérêt sociétal est grandissant vis-à-vis de cette discipline, les praticiens éprouvent pour autant des difficultés à trouver leur place dans le système de santé. Comme le rappellent les auteurs, l'ostéopathie a la particularité d'être placée sous le contrôle du ministère de la Santé sans être pour autant reconnue comme une « profession de santé ». Le statut des ostéopathes est pluriel : si certains professionnels de santé exercent l'ostéopathie en complément de leur activité, d'autres la pratiquent de manière exclusive. Issus d'écoles agréées ou non, leurs cursus diffèrent selon qu'ils sont médecins ou non, ou qu'ils ont suivi une formation avant ou après les règles édictées par la loi.
Conséquence : il existe une confusion importante entre bien-être et thérapeutique, la succession de sigles sur les plaques des cabinets compliquant la lisibilité de la pratique pour les usagers. « Le sujet de l'ostéopathie est justement mis sur la table pour illustrer la complexité à structurer une pratique complémentaire, et ce malgré sa réglementation », souligne Véronique Suissa.
Une pratique adaptée au grand âge
Dans cet ouvrage, les coauteurs ne prétendent en aucun cas résoudre les problématiques affichées. En donnant la parole à une diversité d'acteurs, ils souhaitent avant tout éclairer sur la pratique (fondements, histoire, indications, formations, etc.) et tenter de l'éclairer en abordant ses points de convergences/divergences avec d'autres approches connexes (chiropraxie, kinésithérapie). Ils entendent également illustrer la pluralité des secteurs dans lesquels l'ostéopathie peut intervenir, notamment les secteurs sensibles tels que celui de la petite enfance ou des personnes âgées. Concernant le grand âge, Astrid Elmaalouf, diététicienne dans un service gériatrique à l'hôpital public, défend l'intérêt de la pratique pour les personnes âgées hospitalisées tout en insistant sur la nécessité d'encadrer l'intervention d'un ostéopathe dans une démarche coordonnée et pluridisciplinaire. Contrairement à la représentation sociale de l'ostéopathie, la pratique « peut contribuer à mobiliser le corps, de façon douce, par des micromouvements adaptés aux contextes cliniques des patients », indique-t-elle. Des formations complémentaires permettent aux ostéopathes, exclusifs ou non, d'intervenir en cohérence avec les spécificités des publics. Un point de vue partagé par Vasken Meldonyan, directeur général du groupe d'Ehpad associatif (AAAS), qui s'interroge actuellement sur l'opportunité de proposer aux résidents, en complément de la kinésithérapie classique, des séances d'ostéopathie pour soulager des douleurs chroniques articulaires, inflammatoires ou apparues suite à un traumatisme. Il confirme la nécessité d'inscrire cette pratique dans un cadre pluridisciplinaire, sous la direction du médecin coordonnateur. « Face aux douleurs, aux besoins de mobilisation mais aussi de prévention, l'ostéopathie a toute sa place dans le domaine du grand âge », souligne-t-il dans l'ouvrage, rappelant que l'enjeu du « prendre soin » implique de s'adapter aux besoins des personnes et de considérer tous les leviers d'actions.