Dans le n° 155-décembre 2023  - Soulager la digestion  16259

L'ostéopathie : une réponse aux troubles abdominaux et digestifs

En raison de leur faible activité physique, voire de leur sédentarité, les résidents d'Ehpad peuvent être sujets à des troubles abdominaux et digestifs. Parmi les réponses pour soulager ces maux figure l'ostéopathie, une pratique bien loin d'être démocratisée.

« La marche est un important activateur du transit, rappelle Philippe Le Mentec, ostéopathe DO, conseiller national d'Ostéopathes de France et président de la Société des ostéopathes de l'Ouest. Or, en raison de leur âge et des polypathologies fréquentes chez les résidents d'Ehpad, le maintien d'une activité s'avère difficile. » Ce manque d'exercice, qui est aussi parfois lié à leur dépendance à une tierce personne, soignante ou accompagnante, peut perturber le transit, générer des douleurs ou des sensations d'inconfort. Le soignant est généralement en capacité, face à un résident décrivant des souffrances, d'évaluer son état de santé afin de savoir si elles sont en lien avec une maladie nouvelle, non diagnostiquée ou traitée. « Si c'est le cas, le recours à l'ostéopathie ne sera pas déployé en première intention », indique Philippe Le Mentec. En revanche, si ces douleurs ne sont pas expliquées par l'aggravation d'une pathologie existante nécessitant l'adaptation du traitement ou l'apparition d'une nouvelle maladie, il peut être utile de solliciter un ostéopathe. Il va alors effectuer un travail manuel pour agir sur la régulation du fonctionnement du système nerveux autonome, détendre les éventuelles structures trop contractées et possiblement sources d'inconfort, et redonner de la mobilité aux articulations pouvant être enraidies et altérant la qualité ainsi que la quantité des mouvements.

Le travail de l'ostéopathe peut se faire au cours d'une seule séance ou nécessiter plusieurs rendez-vous pour une consolidation de l'état du résident. La décision doit être prise à l'appréciation de la personne, si elle est en mesure de la formuler, ou de l'équipe et/ou des aidants. « Bien entendu, si aucun travail a posteriori n'est effectué pour modifier les comportements du résident et lui permettre de retrouver une activité, le risque de récidive reste important », précise Philippe Le Mentec.

Les douleurs abdominales non spécifiques

Les résidents peuvent, par ailleurs, ressentir des douleurs abdominales non spécifiques, sans impliquer le transit, mais liées à une sensibilisation du système nerveux. Des examens préalables doivent être effectués afin de s'assurer que ces souffrances ne sont pas liées à une pathologie particulière. « Si ce n'est pas le cas, il peut alors s'agir d'un moyen d'appel de la personne pour solliciter du lien, informe Philippe Le Mentec. Avec l'intervention de l'ostéopathe, le résident va se trouver au centre de l'attention et bénéficier de soins manuels, sources d'apaisement. Ce besoin est souvent fréquent chez les personnes âgées, qui se sentent plus isolées ou dépendantes que d'autres classes d'âge, pour bénéficier d'interactions sociales. » Là aussi, si aucune mesure n'est prise, la douleur pourra se manifester, par la suite, sur d'autres parties du corps. « Des dispositions doivent être prises pour lutter contre l'isolement social et encourager le contact ainsi que des échanges », insiste-t-il.

Les contre-indications à l'ostéopathie

Avant de recourir à l'ostéopathie, le résident et ses proches doivent porter une attention particulière à certains points de vigilance. En cas de suspicion de maladie ou d'un état infectieux, l'intervention de l'ostéopathe représente une contre-indication absolue. De même pour les signes d'occlusions intestinales avec une interruption brutale et inhabituelle de selle ou de gaz qui requièrent nécessairement une prise en charge hospitalière. « Les autres contre-indications vont être plus nuancées, prévient Philippe Le Mentec. La population en Ehpad est fragile en raison de son âge et/ou de ses pathologies, mais aussi de troubles cognitifs perturbant la capacité à s'exprimer. Il peut arriver, dans certains cas, que l'ostéopathe veuille revoir le résident de manière abusive, avec un risque d'emprise. Il est donc nécessaire de rappeler que les séances doivent avoir lieu à la demande de la personne si elle en a la capacité, ou de son entourage soignant ou familial, en fonction de l'observation de ses besoins et de son état. » L'intervention de l'ostéopathe doit se dérouler au sein d'une équipe pluriprofessionnelle, en interaction avec le médecin, l'infirmier ou encore le kinésithérapeute, afin d'offrir au résident une prise en charge adaptée et sécurisée.

Actuellement, le recours aux ostéopathes reste très limité en Ehpad, notamment parce qu'il s'agit d'intervenants extérieurs. « Nous sommes pourtant une option thérapeutique dont il faut tenir compte au sein d'une équipe, estime Philippe Le Mentec. Mais lorsque plusieurs solutions de prises en charge peuvent être mobilisées, je ne suis pas sûr que les attentes des résidents soient toujours écoutées. Il faudrait laisser davantage de place à leur libre arbitre ainsi qu'à celui de leur famille, et ne pas décider pour eux, ce qui est souvent le cas. »


01/04/2025  - Assemblée générale

L'Uniopss conteste la suppression des Ceser et du HCFEA

Une motion adoptée à l'unanimité le 1er avril invite les députés à revenir sur la décision, prise le 24 mars par la Commission spéciale de l'Assemblée nationale chargée d'examiner le projet de loi de simplification de la vie économique.
01/04/2025  - Branche Autonomie

CNSA : un budget rectificatif pour financer les réformes

La CNSA a adopté le 27 mars le premier budget rectificatif de la branche Autonomie pour tenir compte de deux réformes adoptées par la LFSS 2025 et de l'affectation d'une nouvelle recette.
01/04/2025  - Contrôles

Bilan des ARS : des fragilités structurelles mais un nombre limité de situations critiques

Les premières agences régionales de santé (ARS) publient un premier bilan des contrôles 2022-2024 de leurs Ehpad. Avant leur publication complète d'ici quelques semaines, des enseignements peuvent déjà être tirés.
31/03/2025  - BASS et BAD

L'AD-PA apporte son soutien à la mobilisation du 1er avril

L'Association des directeurs AD-PA se dit « alignée » sur la dénonciation de l'austérité budgétaire et de la dégradation des conditions de travail.
31/03/2025  - Bilan des contrôles

Listes des Ehpad fermés : ce n'est pas sérieux !

Des noms, ont (logiquement) demandé les journalistes lors de la conférence de presse de Charlotte Parmentier Lecocq faisant état de 55 Ehpad sanctionnés. Une première liste a été diffusée le lendemain. Trop vite.
31/03/2025  - Santé publique

Covid-19 : une nouvelle campagne de vaccination dès le 14 avril

Suivant la recommandation de la Haute autorité de santé, une campagne printanière va viser les plus de 80 ans et les résidents d'Ehpad.
27/03/2025  - Grandes écoles

L'expérimentation des concours « Talents » prolongée jusqu'en 2028

L'expérimentation, qui s'est terminée en décembre 2024, est finalement relancée jusqu'au 31 août 2028 par une loi du 24 mars 2025.
25/03/2025  - Prévoyance

Services à la personne : la guerre entre employeurs est déclarée

Un accord sur la prévoyance signé par deux organisations patronales avec l'ensemble des syndicats suscite l'opposition déterminée des deux autres, majoritaires, donc en situation de le bloquer.
21/03/2025  - Assurance-maladie

L'audioprothèse devient le champion des fraudes en France

L'assurance maladie indique que les fraudes liées aux audioprothèses ont été multipliées par 5 en un an, pour atteindre un niveau record de 115 millions d'euros en 2024.