C'est ce qu'affirme Jean-Pierre Riso, président de la Fnadepa dans son discours d'ouverture du 16e Colloque national sur les politiques vieillesse.
L'uniformité n'est pas la clef
C'est dans le traditionnel Espace reuilly que Jean-Pierre Riso, président de la Fnadepa, a ouvert son 16e Colloque national des politiques vieillesse. L'occasion pour la fédération de rappeler les urgences à venir : « Préparer notre nation à l'un de ses plus grands défis », le vieillissement de sa population. En 2030, 1 personne sur 6 aura plus de 60 ans dans le monde. Mais si c'est une chose de vieillir, l'important reste les conditions de ce vieillir, et notamment du bien-vieillir.
Un secteur en souffrance
Le président a rappelé la situation économique du secteur, corroborée par la récente enquête de la Fnadepa. 18% des établissements gèlent leurs entrées, sont soumis à des tensions RH et financières sans précédent. « 93% des directeurs prévoyaient un déficit fin 2023 qu'ils savaient ne pas pouvoir couvrir », lié à l'inflation, l'impact des coûts énergétiques, des coûts salariaux... Pire, 50% des directeurs envisagent de quitter le métier dans les 6 mois. Et ce malgré la passion et l'engagement dont ils font preuve.
Maintenant ca suffit !
« Il faut inverser la tendance et apporter une juste reconnaissance aux professionnels de ce pays. Les vieux méritent mieux » tonne Jean-Pierre Riso. Et s'il précise que plusieurs centaines d'acteurs ont écrit à Aurore Bergé dans la foulée des actions menées à l'automne, il réaffirme « Vous pouvez compter sur nous », insistant sur le pouvoir du collectif.
« Les trophées que nous convoitons sont les sourires. Nous voulons des personnels plus heureux, des familles confiantes. Une utopie atteignable à condition d'un engagement fort » et d'une régulation politique.
Le secteur a connu 6 ministres en 6 ans, qui ont tous insisté sur la nécessité de transformer globalement l'offre. « Ne laissons pas le marché réguler notre secteur. » C'est ainsi que la Fnadepa exhorte l'État à mener une action forte selon 4 axes prioritaires :
- Le renforcement de l'attractivité du grand âge : « 6 000 postes seulement sont budgétés en 2024 alors qu'il en faudrait 20 000. Arrêtons les demi-mesures : lançons un plan massif de recrutement » de soignants, animateurs, psychologues, ergothérapeutes, cadres intermédiaires... « la liste est longue mais indispensable ».
- Le financement du secteur. S'il se félicite du maintien du bouclier tarifaire, il faut renforcer le plan d'urgence à hauteur de 400 millions d'euros. Mais stop au saupoudrage et aux demi-mesures. La PPL a été enrichie à l'Assemblée Nationale dont le vote de la loi de programmation annuelle dédiée au grand âge, renouvelée tous les 5 ans. « Mais je reste prudent tant que ce n'est pas fait. Messieurs les sénateurs, enrichissez le texte PPL, ne le réduisez pas. J'en appelle aussi au nouveau gouvernement », qui doit assortir les financements à hauteur de 10 milliards d'euros. « Nous sommes attachés à un fort socle de protection sociale ».
- La préservation des petites structures : « L'offre se transforme mais pas à n'importe quel prix. Nous avons besoin de structures à taille humaine, une réponse adaptée aux besoins », en votant des taux directeurs proches de l'inflation mais aussi en menant des politiques équitables innovantes. « L'uniformité n'est pas la clef », ajoute-t-il. Il faut apporter une palette de solutions respectant le choix des personnes.
- Les résidences autonomie sont des maillons essentiels. Elles se réduisent d'années en années, sont inconnues des personnes âgées comme des autorités. 16 mesures concrètes ont ainsi été proposées pour les valoriser et les faire connaitre. « Nous réclamons la réouverture du forfait soin, le financement de l'autonomie, un plan d'aide à l'investissement massif, le financement de nouvelles places... Nous avons besoin d'un plan de route et de clarifier la gouvernance.»
Simplifier les dispositifs devra ainsi être le fil rouge.