Dans le n° 29-février 2013  - Soins  1218

La contention

La contention est toujours une intervention délicate en EHPAD : quand et à qui la prescrire, comment l'appliquer ? Le médecin traitant et le médecin coordinateur étant directement concernés, la Ffamco nous donne son point de vue sur la question.

Textes

La HAS a publié deux guides et des recommandations

- octobre 2000 " limiter les risques de la contention physique de la personne âgée "

- juin 2005, référentiel pour évaluer les pratiques

L' AFFSAPS, 2006 : bonnes utilisations des barrières de lit

- norme NF EN 60601-2-38 et son amendement 1, relative aux lits électriques à usage médical

- norme NF EN 1970 relative aux lits réglables pour personnes handicapées

La contention : définition

Il s'agit d'une privation de liberté par tout moyen que ce soit : physique, architectural - limitation de l'espace ou enfermement- mais aussi chimique et psychologique.

Le simple fait de dire " ne faites pas ceci ou cela, restez assis, ne vous levez pas " et de poser des interdictions peut mettre les résidents atteints de la maladie d'Alzheimer en situation d'échec et les conduire à la violence.

La contention : à qui s'adresse-t-elle ?

A toute personne âgée qui présente un comportement estimé dangereux ou mal adapté : chutes, agitation, déambulation, agressivité.

Evaluation de l'état du résident et mise en place de la contention

C'est le médecin traitant qui constate un besoin, le plus souvent en cas de crise ou de fugue et prescrit la contention. Les recommandations de la H.A.S sont les suivantes :

"Toute décision de contention se fera dans le respect de l'autonomie et de l'indépendance de l'adulte âgé concerné. La bonne compréhension des informations données et le consentement éclairé de la personne sont systématiquement recherchés. "

Une réévaluation est à faire au bout de 24 heures, précédées d'un passage toutes les heures. Il est recommandé, toujours selon la HAS, de détacher la personne toutes les 2h et de la faire marcher.

Les moyens et outils de la contention

La contention physique peut se faire au fauteuil, au lit avec des barrières, avec des gilets et sangles thoraciques, ou des ceintures, parfois un drap ou un vêtement qui limite les mouvements volontaires du corps.

La contention chimique s'accompagne de la prescription de psychotropes : tranquillisants, neuroleptiques et anti-dépresseurs.

Les dangers et les conséquences de la contention

Plusieurs conséquences et risques ont été constatés :

augmentation de la mortalité,

de la morbidité,

des troubles musculo-squelettiques et ankyloses articulaires,

des effets iatrogènes ou troubles provoqués par un traitement médical,

une perte d'autonomie, de l'équilibre,

et des problèmes psychologiques (colère, révolte, peur, agressivité).

En revanche, il n'a pas été constaté davantage de fractures en cas de non-contention, selon la Ffamco.

Alternatives à la contention

L'examen de la littérature sur le sujet a permis de rassembler de nombreuses informations sur les méthodes substitutives à la contention. Les alternatives, souvent empiriques et fondées principalement sur le " bon sens soignant ", sont nombreuses, mais peu ont fait l'objet d'études démontrant leur efficacité, à l'exception des USA.. Elles se regroupent selon quatre grandes catégories :

- approche médicale et infirmière ;

- modification de l'environnement ;

- approche occupationnelle ;

- approche sociopsychologique.

Le point de vue de la FFAMCO

Il faut atteindre le niveau zéro de la contention qui est une fausse sécurité.

Importance du diagnostic à l'admission

- Aucune personne ne devrait être contenue : il faut plutôt rechercher les causes de son comportement, être précis sur le diagnostic et la thérapie à adopter.

- c'est à l'entrée en institution que la personne est la plus fragile, c'est une période charnière où le personnel doit être très vigilant.

Droit d'aller et venir

La contention représente une contradiction avec la Loi de 2005 sur les droits et libertés des résidents, droit inaliénable.

Choisir entre liberté et sécurité est une manière de les protéger, mais il y a une limite à la "bientraitance".

Rôle du médecin coordinateur

Les médecins coordinateurs doivent former le personnel, avoir un accompagnement des familles, maintenir l'autonomie et la dignité de la personne.

La Ffamco dispense un programme de formation continue sur le sujet.

Les solutions préconisées par la Ffamco

- former le personnel, le plus difficile à convaincre, la caution des équipes soignantes est nécessaire

- avoir une attitude de bientraitance et augmenter la qualité des soins.

- expliquer au médecin traitant

- viser la contention zéro dans le projet d'établissement

- faire valider le projet aux familles lors de la pré-admission et faire signer

- proposer des solutions de suppression

- spécifier la suppression dans le contrat de séjour

- augmenter la prise en charge non médicamenteuse (activités, vie sociale)

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