C'est avec une émotion non dissimulée, suite au décès de l'infirmière assassinée au CHU de Reims, que s'est ouvert mardi 23 mai le salon Santexpo, dont Geroscopie est partenaire.
La démocratie en santé, enjeu de SantExpo 2023
Inaugurée pour la première fois par Arnaud Robinet, Président de la FHF, cette 57e édition était placée sous le thème de la démocratie en santé, l'occasion de mener une « réflexion pointue sur l'organisation du système de santé », en lien avec une évolution profonde des aspirations des citoyens. En ligne notamment le respect des droits des patients, des libertés fondamentales et de la recherche de consentement.
Le président de la FHF invite à partir du patient, ce qu'il considère comme un meilleur moyen de repenser les habitudes, plutôt que de continuer de fonctionner en silo.
« La santé est un objet démocratique sensible », insiste t-il. Il faut maintenant s'interroger sur la manière de sortir de l'état d'urgence permanent. « Le mot Crise est associé depuis longtemps au monde de la santé ou de l'hôpital. Les discussions théoriques doivent maintenant céder le pas à l'action pratique : prévention, pertinence, motivation...».
Les ressources humaines, nerf de la bataille
Sujet particulièrement sensible, les ressources humaines sont encore au coeur des inquiétudes. Arnaud Robinet invite à adapter le secteur aux mutations en cours. S'il rappelle que les soignants exercent par vocation, ils restent soumis à des contraintes fortes. « Les professionnels veulent être mieux considérés par leur encadrement et retrouver de l'autonomie ». Pour preuve, 20 000 postes infirmiers et 30% des postes de praticiens hospitaliers sont vacants. Il faudrait recruter 400 000 professionnels selon la Dares dont 100 000 pour le grand âge. « Il est donc urgent de faire évoluer les modes de rémunération, simplifier, valoriser et mieux rémunérer certaines missions (gardes de nuit et astreintes mais aussi travail de recherche...). Pour cela il faut des financements et une régulation dans un cadre pluri annuel. Il faut faire de la prévention car un gain d'une année d'espérance de vie en bonne santé permet d'économiser 1,8 milliards d'euros pour l'assurance maladie ».
2 lois de programmation
La dégradation financière des établissements publics continue. 1 milliard d'euros de déficit a été enregistrée en 2022. « Nous devons sortir de la gestion de l'urgence pour renouer avec la programmation. Nous devons organiser, renforcer, pérenniser ce qui a fait ses preuves. Et pour cela nous demandons 2 lois de programmation : l'une pour la santé, l'autre pour le grand âge. Nous devons établir des trajectoires financières claires, une sorte de retour sur investissement qui serait un engagement massif. Il nous faut un cap sur 5 ans ».
Côté démographie, Arnaud Robinet ne mâche pas ses mots. « Il y aura 2,4 millions de personnes de + 80 ans supplémentaires en 2040. Cela sera une catastrophe sanitaire si on ne s'en occupe pas. Car sans structures d'accueil et de soin adaptées, les personnes se tourneront vers les urgences. L'ensemble des acteurs attendent beaucoup du prochain PLFSS ».
Pour Jean-Christophe Combe, Ministre des solidarités de l'autonomie et des personnes handicapées, la révolution est déjà en marche. « Jamais aucun gouvernement n'a autant investi pour le grand âge. Entre 2021 et 2026, les dépenses passeront de 32 à 42 milliards d'euros. »
Le ministre présentera fin juin un plan d'action ministériel composé de mesures très concrètes : promotion du sport, citoyenneté, soutien aux aînés, lutte contre les chutes. Il rappelle également que le modèle économique des Ehpad doit changer, avec notamment la fusion des forfaits soins et dépendance, la mise en oeuvre de la feuille de route sur les unités de soins de longue durée, une meilleure coordination des équipes soignantes et le renforcement du rôle du médecin coordonnateur.
Si la question du recrutement est essentielle, il entend « rendre public le taux d'encadrement dans chaque Ehpad pour rétablir la confiance, renforcer les contrôles sans pour autant discréditer les professionnels et instaurer des mesures de moralisation » pour protéger le consommateur. De même, la loi pacte doit inciter les ehpad privés à devenir des sociétés à mission ».