Spécialiste de l'hygiène alimentaire et hospitalière, Anthony Bonhomme est un expert du secteur. Il promeut les détergents probiotiques au monde de la santé pour HTS Bio, laboratoire français qui fabrique des probiotiques de A à Z. Entretien.
La détergence probiotique, pour maîtriser le risque infectieux autrement
Le monde de la santé, ça pourrait sembler vaste. Mais l'Ehpad est un terrain particulièrement adapté au développement de la détergence probiotique, car le risque infectieux y est plus faible. « Actuellement, nous pilotons des essais pour apporter la preuve de l'efficacité de cette détergence probiotique. »
Qu'est-ce que la détergence probiotique ?
Il s'agit de détergents (donc sans désinfection) qui contiennent des bactéries probiotiques. La formulation de ces produits composés de matériels vivants est donc la plus naturelle possible. Labellisés Ecocert, ils sont composés à plus de 99 % d'ingrédients d'origine naturelle. Ces détergents n'ont donc pas de pictogrammes de risques, ce qui permet de supprimer le risque chimique pour les utilisateurs et les résidents. La stabilité du détergent est garantie durant 730 jours à fabrication, soit l'équivalent de deux ans. Il faut comprendre qu'à chaque utilisation du produit, si possible quotidienne, se développe un phénomène de protection de la surface. Les bactéries probiotiques vont occuper le maximum de surfaces disponibles. Lorsqu'on ajoute chaque jour de nouvelles bactéries probiotiques saines sur la surface, elles entretiennent alors son occupation totale au détriment de toutes les autres bactéries.
Est-ce valable pour toutes les bactéries pathogènes ?
Nous travaillons actuellement en collaboration étroite avec un laboratoire du CNRS de Marseille à l'Institut de microbiologie de la Méditerranée pour connaître de mieux en mieux le spectre d'action de nos bactéries probiotiques. Notre approche scientifique est basée sur l'hypothèse de la protection continue des surfaces à l'encontre des autres bactéries et, parmi elles, celles qui entraîneraient les IAS (infections associées aux soins). Par exemple, cette protection est efficace sur Escherichia coli ou sur plusieurs espèces de staphylocoques.
Comment le principe s'installe-t-il dans la durée ?
La formule est efficace dès les trois premiers jours car à chaque fois que vous nettoyez, vous ensemencez de bonnes bactéries qui vont créer la protection. Le but est d'utiliser ces produits très régulièrement pour créer une flore suffisante afin d'entretenir la surface. La durée de vie est très longue. Sur les surfaces humides, les bonnes bactéries perdurent jusqu'à 8 jours, et jusqu'à 21 jours sur les surfaces sèches. Cela signifie qu'elles sont bien installées. Ensuite, il faut naturellement continuer d'en ajouter.
Comment se positionne la France face à ses homologues européens ?
Les Italiens sont très en avance sur le sujet. L'étude du Dr Caselli, publiée en 2018, a montré qu'en utilisant des détergents probiotiques dans plusieurs hôpitaux importants d'Italie pendant 18 mois, le nombre d'infections associées aux soins avait été réduit de moitié. Idem sur le nombre de gènes de résistance qui a été réduit par 100 sur les bactéries pathogènes. Les Allemands et les Anglais avancent aussi sur le sujet, mais en France, nous rencontrons beaucoup de difficultés, probablement liées à une forme de conservatisme, de réticence au changement et de centralisation des recommandations. Les hygiénistes redoutent une augmentation du risque infectieux (liée à la réduction de la désinfection) alors que les études prouvent tout le contraire.