La question de l'euthanasie a trouvé sa place dans les discours des candidats. Réactions de Jean-Luc Romero, président de l'Association pour le Droit de Mourir dans la dignité (ADMD).
La fin de vie entre dans le débat politique
Pour l'Association pour le Droit de Mourir dans la dignité (ADMD), l'année 2012 sera marquée d'une pierre blanche. " C'est la première élection présidentielle où la question de la légalisation de l'euthanasie est abordée, s'exclame Jean-Luc Romero, président de l'association. Jusqu'à présent, on ne parle du sujet que lors d'affaires comme l'affaire Vincent Humbert... "
Preuve en est la position de François Hollande dévoilée en janvier, dans ses " 60 engagements pour la France ". Si la proposition 21 du candidat socialiste évite le mot " euthanasie ", elle est explicite : " Toute personne majeure en phase avancée ou terminale d'une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d'une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ". S'ajoutent à cela les prises de position d'EELV, de Jean-Luc Mélenchon, de Corinne Lepage,...
Dans cette petite révolution, l'ADM voit le résultat d'un travail de communication de tous les instants. Créée en 1980, l'association et ses 48 000 membres oeuvrent pour la légalisation de l'aide active à mourir et du suicide assisté, et pour l'accès universel aux soins palliatifs *. " Les volontés des personnes doivent être au coeur de la fin de vie, enchaîne Jean-Luc Romero. Actuellement, la loi Léonetti donne tout pouvoir au médecin. Celui-ci doit consulter les directives anticipées, mais n'a pas obligation de les respecter... Une nouvelle loi permettrait également la protection de ceux qui veulent vivre leur vie jusqu'à la dernière extrémité. " Encore faudrait-il que les médecins connaissent la loi. Selon l'ADM, l'Ordre des médecins a attendu 2011 pour publier un texte pour ses troupes. Le grand public n'est pas mieux loti : l'association a été la seule à produire un document grand public sur la loi Léonetti, et ce sans subvention mais avec l'argent de ses adhérents.
Si l'euthanasie emporte une très large adhésion de la population française (94 % selon le dernier sondage Ifop pour le journal Sud-Ouest - août 2011), elle reste la question de société la plus compliquée. En 2011, François Fillon, dans le journal Le Monde précisait que " une loi ne peut pas se permettre de donner la mort ". " Elle le permet pourtant mais avec hypocrisie et dans la douleur, rétorque le président de l'ADM. En doublant les doses de morphine ou en enlevant les sondes gastriques dans le cadre d'une sédation terminale... "
À quelques semaines des élections, l'homme termine un tour de France des élus. Le 24 mars, lors d'une réunion publique au Cirque d'hiver Bouglione (Paris), l'association interpellera les candidats. " On peut courir après la croissance mais savoir qu'on peut mieux vivre sa mort permet de mieux vivre sa vie ", conclut Jean-Luc Romero.
* Le rapport de l'IGAS de 2010 relève que 20 % seulement des personnes ayant besoin de soins palliatifs peuvent y accéder.