Gérée en interne, partiellement sous-traitée ou totalement externalisée, la fonction linge - longtemps reléguée au second plan - fait désormais l'objet d'une vraie réflexion dans les EHPAD. Objectif: concilier qualité de la prestation, réduction des coûts de fonctionnement et sécurité sanitaire.
La fonction linge au centre des préoccupations
Les lignes bougent dans les EHPAD. Longtemps considérée comme une fonction subalterne, moins noble que les soins ou la restauration, la fonction linge s'inscrit désormais à part entière dans la politique de qualité des établissements. «Les résidents et leur famille expriment de fortes attentes sur l'ensemble des prestations de l'établissement, la restauration comme la qualité du traitement du linge car cela s'appréhende plus facilement que les prestations de soins.
Pour répondre assurer un service de proximité, les établissements ont longtemps privilégié le traitement du linge du résident en interne quitte à sous-traiter le linge plat», rappelle Alain Piqué, dirigeant du bureau d'études Cofitex.Si Thomas Labrunye, Pdg de Bulle de Linge reconnaît que dans 80% des cas, le traitement du linge des résidents est internalisé dans les EHPAD, il note «un phénomène de fonds vers l'externalisation». Les raisons? «Les EHPAD souhaitent se recentrer sur leur coeur de métier. Le traitement du linge du résident, ce ne sont pas les mêmes machines, pas les mêmes techniques, ni les mêmes process de lavage, et cela demande un repassage à la main. Pour être performants, les établissements confient de plus en plus cette prestation à des spécialistes», explique-t-il. Un constat partagé par Laure Brutinaud, chef de projet Textile chez Initial «Les EHPAD ont besoin d'une réactivité importante, d'un plus grand soin et de finitions au cordeau», insiste-t-elle.
Impact budgétaire important
Le choix entre blanchisserie intégrée ou externalisation s'inscrit également - et comme toujours dans un contexte de restriction budgétaire - dans une stratégie d'efficience économique. Car la fonction linge a un impact budgétaire important sur le tarif hébergement. Pour trancher, les coûts immobiliers, de mises aux normes des installations, d'achat et entretien du matériel, d'exploitation (rémunération du personnel, eau, électricité, produits lessiviels,) et ceux liés à l'externalisation de la prestation se doivent d'être comparés.
La reconfiguration de la fonction linge au sein des structures fait également l'objet de pressions plus ou moins insistantes des autorités de tutelle. Avec pour mots ordres: la mutualisation des moyens. «Les agences régionales de santé (ARS) et certains conseils généraux incitent les établissements à se regrouper pour limiter les coûts de restructuration, ce qui est impossible à faire individuellement. Cela peut également concerner 10 EHPAD de 100 lits, soit 1000 lits dans un rayon de 50 kilomètres », note Alain Piqué.
Enfin, aux enjeux de qualité, de réduction des coûts, s'est ajouté ces dernières années dans la fonction linge, la nécessité de mettre en oeuvre une politique de lutte contre les risques infectieux en EHPAD. Un facteur qui renforce l'importance de la fonction linge qui est transversale puisqu'elle concerne... tous les services de l'établissement.