Le cabinet pyrénéen Gauche's Muru vient de rafler tous les suffrages avec trois établissements classés dans le top 5 des maisons de retraite des Pyrénées-Atlantiques. Le "Guide de la dépendance" vient en effet de révéler le classement des maisons de retraite où il fait bon vivre en France. L'Ehpad Le Château à Salies-de-Béarn, l'une des dernières réalisations de l'atelier d'architecture Gauche's Muru, basé à Orthez (64) a obtenu une note de 10/10 se classant parmi les 46 meilleures maisons de retraite sur les 9 500 visitées en France. Notés selon des critères de prix, d'accueil et de services, les trois établissements classés ont été complètement repensés dans leur architecture. Nous avons interrogé Xavier Gauche, architecte associé, pour vérifier avec lui quelles étaient les raisons de ce triomphe !

La conception de maison de retraite : une expertise de plusieurs années avec les équipes de terrain. Le cabinet Gauche's Muru possède plusieurs années d'expérience dans la conception de maisons de retraite, aussi bien dans le secteur public que privé. La différence essentielle est que dans le premier cas il n'existe que peu de contacts avant la réalisation, alors que dans le secteur privé, le cabinet effectue un gros travail de mise au point et d'esquisse qui se prépare avec directeurs d'établissement, infirmières, cuisiniers, bref les équipes de terrain pour affiner le fonctionnel. L'expertise du cabinet s'est construite grâce à une approche générale du projet, de la phase de programme jusqu'au vécu des résidents, phase qui intègre notamment les besoins des futurs usagers dès le projet de conception du bâtiment.

L'architecture sensible est au coeur du projet, mais aussi la formation et la concertation. " Notre conception de l'architecture sensible précise Xavier Gauche, prend ici tout son sens. L'architecte intervient comme un catalyseur de compétences issues de plusieurs métiers : sociologues, médecins, directeurs de maison de retraite... Pour chaque projet de construction, nous favorisons une approche centrée sur les besoins du résident et de sa famille, avec qui nous avons rarement de contact. L'expertise, l'écoute et la technicité sont les trois facteurs-clés pour un projet de construction réussi ". " Un architecte doit concevoir des espaces pour y habiter, il s'agit d'une partie intégrante de la démarche ", précise-t-il encore : le cabinet assiste donc à des conférences médicales sur la maladie d'Alzheimer par exemple qui participe de son information. Il visite aussi d'autres Ehpad afin de vérifier les contraintes auxquels il va être confronté. L'architecture sensible doit être en harmonie avec l'ensemble de ces dernières : environnement (HQE) sociologie et rendu architectural.

Une récente conférence organisée à Anglet (64) était basé sur le thème de " l'amélioration de l'espace privatif tout en préservant les budgets : comment est-ce possible ? " " Dans l'espace privatif, c'est-à-dire les chambres, nous essayons de concevoir des espaces polyvalents, des lits médicalisés qui deviennent des canapés par exemple. " Les recommandations des autorités sanitaires portant sur ce sujet évoquent une surface de 16 m2 pour une chambre individuelle. Celle-ci comprend généralement un lit médicalisé ou non en fonction des besoins du résident, mais aussi un bureau, un fauteuil, une armoire et/ou une commode, et l'ensemble des équipements multimédia souhaités par le pensionnaire de la maison de retraite (radio, télévision, téléphone, internet), ce qui suppose effectivement une créativité "gain de place". " Nous avons tout intérêt aussi à travailler en phase programme, très en amont du projet, avec la conception d'une cuisine centrale de réchauffage, qui passera ainsi de 150 à 80 m², ou d'une lingerie externalisée par exemple ". Le cabinet adapte son projet afin de créer une continuité visuelle entre la cuisine et la salle à manger, qui peuvent devenir des espaces à temps partagé : espace polyvalent, cette dernière est le théâtre d'activités au sein de la maison de retraite.

Le goût et l'écoute des autres est une clé de la réussite Pour Xavier Gauche, être architecte commence par l'écoute des autres puis se déploie en une diversité d'activités, de rôles, de compétences aussi enrichissantes les unes que les autres. Ce métier passionnant exige un cocktail de qualités relationnelles, techniques, créatives et une capacité à diriger, organiser et anticiper chaque nouvelle étape ou évolution de l'habitat, des matériaux et des styles de vie. " L'empathie, la curiosité, le respect nourrissent leur créativité. " " On peut dire qu'une oeuvre réussie est le signe d'une bonne synergie entre les trois partenaires maître d'oeuvre, maîtres d'ouvrages et entreprises, et d'une certaine connaissance par chacun d'entre eux des logiques des deux autres ", a dit Georges Maurios, architecte, dans un exposé à l'école de Paris du management. Dans combien de projets cette phase existe-t-elle ?