Torsions, déplacements, soulèvements... La manutention des personnes âgées en établissement médico-social est une difficulté bien connue des directeurs. Pourtant des solutions existent. Elles permettent de lutter contre les troubles musculo-squelettiques et d'améliorer le bien-être des résidents. Tour d'horizon.
La manutention des personnes âgées : en finir avec le mal de dos !
Reconnus première cause de maladie professionnelle en France, les troubles musculo-squelettiques ou TMS sont devenus l'une des priorités de l'assurance maladie pour la période 2014-2017. Et pour cause. Depuis 2003, leur nombre a augmenté de 60%. Dans les EHPAD, tous les indicateurs sont au rouge. La sinistralité augmente alors qu'elle stagne ou diminue dans la majorité des secteurs. L'indice de fréquence dans ce secteur est passé de 82,8 (2010) à 92,4 (2014) alors que dans le BTP par exemple, il est passé de 73,2 (2010) à 63,6 (2014), précisait Philippe Bielec, Ingénieur conseil à la Direction des risques professionnels de la CNAMTS en février 2016. Le fort taux d'absentéisme n'est pas sans impact sur l'organisation de la structure et la qualité d'accompagnement des résidents. Et c'est sans compter les coûts générés pour les établissements.
La manutention manuelle, principale responsable
Les manutentions manuelles, et particulièrement celles concernant les personnes âgées, sont sans conteste la source principale d'accidents du travail (AT). En 2014, elles représentaient 68% des AT avec arrêt. Ce problème est à prendre très au sérieux car les TMS peuvent devenir irréversibles et entraîner un handicap durable. Ils sont source de souffrance et de démotivation des équipes. Comme le précise Davina Wang, ergothérapeute aux Jardins d'Alésia, une maison de retraite du groupe Korian située à Paris, les salariés, en majorité des femmes, souffrent beaucoup du dos ou de tendinites car ils sont soumis à des charges très lourdes. Pour tenter de réduire les TMS, nous misons beaucoup sur la prévention. Nous avons développé des formations délivrées chaque année à l'ensemble des équipes soignantes.
Evaluer, se former, s'équiper
La première réponse pour améliorer la manutention des personnes âgées ne peut passer que par l'établissement d'un diagnostic et l'évaluation des besoins réels. Cette étape préalable est essentielle et incontournable. Menée avec l'ensemble des personnels, elle peut aussi intégrer les usagers. Elle permet alors de décider de plans de formations adaptés et dont les bénéfices peuvent être mesurés avec précision.
Le diagnostic est un outil efficace pour solliciter des aides financières auprès de l'assurance maladie. Les services prévention des caisses régionales (Carsat ou Cramif) accordent des aides pour la formation des équipes mais elles développent aussi des programmes pour faciliter l'équipement en aides techniques, notamment l'achat de matériels permettant de réduire les contraintes physiques. Lève-personnes, verticalisateurs, tapis de rehaussement, chariots douches, lits à hauteur variable, sièges élévateurs de bain, rails de transfert... Au rayon des aides techniques, les dispositifs sont nombreux et souvent complémentaires. A choisir donc en fonction des besoins et contraintes de chaque établissement.
Encadré :
A noter : A compter du 1er juillet 2016, 6 nouveaux facteurs de risques professionnels sont pris en compte au titre de la pénibilité. Parmi eux, les manutentions manuelles de charge et les postures pénibles.