L'EHPAD de Crèvecoeur-le-Grand (Oise) est le premier établissement français à avoir expérimenté un système de drap de glisse électrique. Objectifs : améliorer le confort des résidents et limiter les efforts physiques du personnel soignant. Retour sur les constats.
La manutention électrique : un plus pour les résidents et les soignants
A l'instar de nombreuses structures, l'EHPAD de Crèvecoeur-le-Grand (Oise) a engagé, depuis des années, une démarche d'innovation et d'amélioration des conditions de travail du personnel. Côté manutention, des rails de transfert fixes ont été installés dans toutes les chambres et des lève-malades électriques facilitent le déplacement des résidents. En octobre 2015, l'établissement a testé, dans quatre chambres, un dispositif novateur : le système danois de draps de glisse électrique Vendlet. Une évaluation médico-économique a été menée, au premier semestre 2016, par l'Instance régionale d'éducation et de promotion de la santé (Ireps) de Picardie pour déterminer les bénéfices pour les résidents et les soignants. Quels sont les résultats ?
La bientraitance des résidents renforcée
" Le drap de glisse électrique offre une technique de retournement plus douce que la manutention manuelle, cela permet la réduction des irritations et frottements sur la peau des résidents. L'utilisation de draps spécifiques Vendlet, plus épais et plus lisses que le textile hospitalier classique, contribue à la prévention des escarres. Par ailleurs, la manutention électrique n'a pas induit de réticence particulière ni de stress pour les résidents. Les professionnels soulignent également une diminution des raideurs chez certaines personnes âgées lors de la manutention ", explique Hélène Trouillet, formatrice-conseil de l'Ireps Picardie.
Moins de gestes répétitifs, moins de fatigue
"La majorité des soignants interrogés a déclaré avoir moins mal au dos ou aux épaules lorsqu'ils utilisent le dispositif Vendlet. La manutention électrique implique moins de gestes répétitifs et d' efforts physiques et donc une réduction de la fatigue physique. Il y a une amélioration des conditions ergonomiques de travail. L'étude de l'expérimentation sur 6 mois est, cependant, trop courte pour évaluer l'impact sur les arrêts de travail et les TMS mais on peut émettre l'hypothèse que ce dispositif participe à la prévention des risques professionnels liés à la manutention.", poursuit-elle.
Un potentiel socio-économique à exploiter
L'étude de l'IREPS Picardie a constaté toutefois que la durée de manutention électrique effectuée par un soignant reste supérieure à la durée de manutention manuelle. Un temps d'adaptation de la part des soignants est nécessaire avant d'en assurer une utilisation quotidienne optimale. " Quatre équipements sur quarante lits rendent l'utilisation du dispositif irrégulière par le personnel soignant. Le temps d'appropriation, malgré une formation, est alors plus long ", souligne Hélène Trouillet. De ce fait, le retour sur investissement est à envisager sur le long terme.
Nadia Graradji