"Notre métier est d'accompagner les résidents jusqu'à la fin de leur vie. 99% des personnes qui viennent dans nos établissements vont y finir leurs jours." Pour Bruno Gaboriau, directeur de l'EHPAD multisites d'Essarts en Bocage* (Vendée), la mort des résidents n'est pas un tabou. La volonté de ce directeur "au vieux passé d'infirmier" de traiter l'ensemble des questions liées à la fin de vie est "partagée par les équipes", précise-t-il. "Tous les personnels ont été formés à l'accompagnement de la fin de vie. Les équipes bénéficient de groupes de parole avec le psychologue notamment quand les fins de vie sont difficiles à gérer. On a réfléchi également à tout ce que l'EHPAD peut proposer aux familles durant la dernière semaine de vie de leur proche. Par exemple, rester dormir dans la chambre sur un lit d'accompagnant, prendre ses repas dans l'établissement", détaille le directeur.

"Il y a la fin de vie et il y a l'après", poursuit Bruno Gaboriau. C'est pourquoi l'établissement a mis en place un accompagnement du deuil des équipes, des résidents, et des familles.

Sur ses deux sites, la résidence Saint-Vincent de Paul à Essarts-en-Bocage et la résidence Sainte-Agathe à St Martin-des-Noyers, l'EHPAD dispose d'un salon funéraire. "La chambre funéraire est placée volontairement à l'entrée de l'établissement. On n'attend pas la nuit pour que le corps soit amené au salon funéraire", explique Bruno Gaboriau. "Si la famille du résident fait le choix de transférer le corps au salon funéraire des pompes funèbres, l'animatrice de l'EHPAD peut accompagner les résidents qui souhaitent faire un dernier adieu au défunt."

Après les funérailles, les familles ont la possibilité d'organiser un pot du souvenir au sein de la résidence. "C'est une prestation payante proposée par l'EHPAD. Cela permet aux résidents de rencontrer les gens de la commune", précise le directeur.

Une cérémonie laïque annuelle

Depuis 2012, l'EHPAD organise une cérémonie laïque annuelle pour rendre hommage à tous les résidents disparus l'année précédente. "La cérémonie se déroule vers la mi-novembre. Elle est décalée de la date de la Toussaint pour ne pas qu'il y ait d'amalgame avec une fête religieuse. On avait constaté que certaines familles qui avaient perdu un proche dans l'établissement avaient du mal à y revenir", explique Bruno Gaboriau.

Projection des photos des résidents disparus, lecture par un membre du personnel d'une petite phrase ou une anecdote en hommage au défunt, de la musique, un chant, le dépôt d'une rose, d'un galet... Chaque année, une petite équipe du personnel prépare cette cérémonie du souvenir. Et les familles sont au rendez-vous pour ce moment de souvenir qui contribue à leur travail de deuil. "On a compté certaines années une centaine de personnes. Cette cérémonie a été l'occasion, deux années de suite, de rendre hommage à deux salariés décédés. Je suis persuadé que ce travail de deuil est aussi utile pour les personnels. La qualité de l'accompagnement de la fin de vie valorise les équipes car nous avons toujours des remerciements chaleureux de la part des familles", se satisfait Bruno Gaboriau.