Réduire les coûts, optimiser les dépenses en maintenant la qualité... Quel acheteur n'a pas fait sien ce leitmotiv, particulièrement d'actualité à l'heure où les économies semblent être la clef de la pérennisation d'une entreprise. Pourtant, la mutualisation, l'une des alternatives les plus efficaces, est loin de ne présenter que des inconvénients. Explications.
La mutualisation : de gré ou de force
Les groupes privés ont bien compris, et depuis longtemps maintenant, l'intérêt que représente la mutualisation des achats pour réaliser des économies d'échelle. Sur les produits bien sûr car acheter en quantité plus importante permet d'obtenir de meilleures conditions commerciales, des produits plus performants à moindre coût en faisant jouer la concurrence?; de réduire les frais de gestion administrative liés à chaque acte d'achat. Mais aussi d'économiser le temps humain, grâce notamment au service des centrales de référencement. Elles labellisent des fournisseurs, identifient des services ou des innovations, garantissent la qualité et négocient elles-mêmes des prix intéressants pour leurs clients. Elles peuvent aussi sur demande conseiller les établissements ou apporter une expertise spécifique.
Se réunir en groupements d'acheteurs
«?La concentration des opérateurs et la contrainte économique auxquelles sont soumises les maisons de retraite amènent les directeurs à revoir leur fonctionnement et leur politique d'achat?», explique Claudy Jarry, président de la Fédération Nationale des Associations de Directeurs d'Établissements et services pour Personnes Âgées (Fnadepa). «?La fonction achat ne peut plus être anecdotique. Les établissements doivent acheter des produits de plus en plus élaborés et techniques, qui demandent des mises en concurrence quasi systématiques des acteurs. Tout invite à professionnaliser cette fonction d'acheteur pour une plus grande performance des produits achetés et la réalisation d'économies d'échelle. Nous évoluons dans un univers particulièrement complexe, qu'il s'agisse de l'énergie, du bâtiment, du soin, des produits d'entretien ou d'hygiène, des normes alimentaires, etc.?»
La peur de perdre son âme
Certains directeurs craignent en se regroupant de perdre en souplesse, en réactivité voire en liberté. «?C'est tout le contraire, ajoute Claudy Jarry. Les regroupements permettent de résister, de réaliser des achats plus intelligents, de choisir ses partenaires. Se regrouper, c'est finalement s'emparer de thématiques qu'on aurait sûrement perdues petit à petit par manque de compétence.?»
Ce mouvement de mutualisation des achats impacte plus largement l'idée que le directeur se fait de son métier. «?Avec la loi ASV, l'environnement des EHPAD connaît de fortes évolutions. Le contexte est au regroupement. Demain les budgets vont être négociés directement dans le cadre des CPOM. Le secteur fonctionnera par ratios, par tableaux de bord. Nous ne pouvons qu'inciter les directeurs à entrer dans cette modernité, à s'emparer des dispositifs et à coopérer pour en sortir gagnants.?»