Décloisonnement, parcours, réseaux, filières, coordination et coopération interprofessionnelle, mutualisation et groupements entre établissements, logique de territoire, plateformes de service... Le directeur d'EHPAD est appelé à travailler davantage sur le modèle partenarial. Le profil du directeur-manager succède à celui du directeur-gestionnaire.
La nouvelle ère du directeur-manager en EHPAD
« Les directions d'EHPAD sont conscientes que les évolutions économiques et sociétales impactent et impacteront les EHPAD, leurs métiers, leurs modes d'organisation, le fonctionnement des services au quotidien et les interactions avec l'environnement. » Comme le souligne l'étude du cabinet KPMG, « EHPAD : vers de nouveaux modèles ? », publiée en décembre 2015, le métier de directeur d'établissement a connu et connaîtra de profondes mutations.
Les réglementations et les normes, les restrictions budgétaires, la responsabilité civile et pénale, les exigences croissantes des familles des résidents, la pression médiatique ont un poids de plus en plus lourd, qui peut être contraignant pour l'exercice de la fonction.
Premiers impactés : les directeurs isolés, seuls aux commandes, notamment dans le cas des mono-établissements et ne disposant pas de toutes les compétences et expertises nécessaires, plus exposés aux risques psycho-sociaux et mis parfois en situation de fragilité face aux autorités de tutelle. « Quel est le devenir de la direction d'EHPAD de taille moyenne, d'un directeur généraliste, polyvalent sans expertise complémentaire, face à ces pressions organisationnelles et juridiques ?Dans les 10/15 ans à venir, il y aura forcément un rapprochement entre les établissements », considère Vincent Renault, consultant au sein du cabinet de conseil « Des idées plus des hommes ». 76 % des 306 directeurs gérant au moins un EHPAD, interrogés pour l'étude KPMG, estiment que la part des gestionnaires mono-établissements présents sur le secteur EHPAD va se réduire considérablement d'ici une dizaine d'années. 12 % prévoient des concentrations massives d'EHPAD. Et ils ne sont plus que 12% à croire en « une présence durable de gestionnaires mono-établissements ».
Si le directeur des années 2000 était avant tout « un gestionnaire, avec une formation spécialisée, de haut niveau et centrée notamment sur la gestion financière, négociant avec les financeurs, cherchant à améliorer l'efficience économique de son ou ses établissements, gérant les questions administratives et juridiques », ces dernières années il est devenu un directeur-manager «qui sait mobiliser ses équipes, élaborer et gérer des projets transversaux, construire des partenariats ».
Savoir construire une équipe
Quand on les interroge sur leurs missions, les directeurs citent en priorité le pilotage en interne de l'établissement : bien manager leur équipe et la mobiliser autour du projet d'établissement (77 % des déclarations) et veiller à l'adaptation des services aux besoins des résidents et à leur bien-être (58 %). La capacité à négocier avec les autorités de tarification et de contrôle et à développer des partenariats arrivent au second plan. Enfin, en dépit du contexte de rigueur budgétaire, l'aptitude à trouver des financements est citée en dernier choix (18 %).
« L'important pour un directeur n'est plus d'avoir toutes les compétences, mais de savoir construire autour de lui une équipe qui lui apporte les compétences qui lui manquent pour ensemble faire fonctionner l'établissement dans un environnement en perpétuelle mutation », considère Nicolas Martinet, du haut de ses 20 ans de carrière de directeur d'un EHPAD de 126 lits et 110 salariés.
« Le directeur-manager a et aura un rôle pivot sur le terrain dans l'accompagnement du changement et l'accélération des mutations dans le secteur des EHPAD», augure l'étude KPMG.