©Juliette Viatte Geroscopie
09/12/2022  - Colloque Bien-grandir, bien-vivre, bien-vieillir  14415

La prévention comme enjeu de santé publique

Plus de 650 personnes se sont réunies en distanciel et 40 en présentiel pour le colloque organisé par l'A-MCA (Agence des Médecines Complémentaires Adaptées) dans l'enceinte de l'Assemblée nationale. Un succès qui prouve que la prévention est LE sujet d'avenir dont les acteurs du bien vieillir entendent s'emparer.

Parrainées par Annie Vidal , députée Renaissance de Seine Maritime, les "Rencontres de la prévention" organisées à l'Assemblée nationale par l'Agence des médecines complémentaires confirment que les débats initiés autour des questions de santé, de culture de la prévention et de complémentarité entre les soins occupent une place majeure depuis la crise de la Covid.

Comment bâtir une société de la prévention, alors que le système de santé actuel repose davantage sur une approche curative que préventive ? Si Annie Vidal plaide pour une « société bienveillante et solidaire », la prévention doit investir l'ensemble des préoccupations de la société : renforcement de l'activité physique, bilans de santé réguliers, visites de prévention en entreprise mais aussi habitats adaptés, qualité de vie au travail, sans oublier les médecines « complémentaires », qui comme leur nom l'indique ne peuvent se substituer à la médecine traditionnelle.

Réguler et encadrer les médecines « alternatives »

Sophrologie, ostéopathie, acupuncture... 3 français sur 4 y ont déjà recours pour réduire le stress et les angoisses, favoriser un meilleur sommeil, limiter les douleurs... et les interactions médicamenteuses.

« Mais médecines douces, parallèles, alternatives, complémentaires, intégratives... de quoi parle-t-on ? » interroge Annie Vidal. « Comment les contrôle-t-on ? Quelle est la formation des praticiens auto-proclamés intervenant sur des patients vulnérabilisés ? »

Et c'est bien là tout l'enjeu du travail mené par l'A-MCA créée par Serge Guérin, Véronique Suissa et le Dr Philippe de Normandie : ouvrir le débat pour encadrer, réguler, garantir sécurité et prise en charge, mais aussi valoriser les professionnels du secteur. « Il faut clarifier l'offre, engager le débat et combattre toute forme de charlatanisme, pour protéger toutes formes de vulnérabilités. »

Diffuser une culture de la prévention en santé

L'objectif de l'A-MCA est de permettre aux citoyens de bénéficier d'une information éclairée à tous les âges de la vie, de favoriser l'accès aux soins intégratifs, débattre, prévenir et accompagner les maladies, favoriser les bonnes pratiques en santé... « Cette agence s'inscrit dans la société du care », confirme Serge Guérin. Loin d'être une agence militante, elle ne défend aucune pratique particulière mais travaille sur les enjeux de qualité de vie. « Le pays est constitué de citoyens, pas seulement de consommateurs », ajoute l'homme aussi passionné qu'engagé, en citant aisément Edgar Szoc, « La santé est trop importante pour la laisser aux seules mains des médecins ».

Multiplier les regards croisés

Le contexte sociétal et social a évolué ces dernières années. La Covid oblige à porter un autre regard sur les enjeux de santé. Hausse des maladies chroniques, système de santé fragilisé, nouvelles questions posées par le grand vieillissement et la santé malade invitent à une recherche de qualité de vie plus importante, et la renaissance d'un besoin de solidarité.

Pour le Dr Alain Ducardonnet, médecin cardiologue, la prévention en santé couvre des notions diverses. Il ne s'agit pas seulement de faire reculer les maladies mais comme l'indique l'OMS dans sa définition de 1946, d' « assurer une qualité de vie ».

Si la promotion de la santé en prévention primaire permet d'apprendre à prendre soin de soi, la prévention secondaire et tertiaire tente de soigner. « La médecine conventionnelle est efficace mais ne peut pas tout résoudre : accepter sa maladie, améliorer son quotidien, retarder la progression de la maladie sont des étapes qui passent parfois par un recentrage, une hygiène de vie, l'utilisation de médecines complémentaires ».

Pour le Dr Adrian Chaboche, médecin généraliste et psychothérapeute, il faut faire de la médecine intégrative. « On confond le métier et l'outil. Le métier, c'est la relation à l'autre, la relation thérapeutique. L'outil, c'est l'hypnose, ou une pratique complémentaire qui permet de soulager ou guérir un patient ». La question reste donc la manière dont l'outil est mis au service du métier, de la relation. Le Dr Adrian Chaboche invite à réfléchir à la création d'une filière universitaire des métiers de l'aide et de l'accompagnement, une filière reconnue et validante, pour intégrer ces nouvelles approches dans une formation de soignant et donner un cadre. De même, il propose de « s'appuyer sur la médecine de ville » soulignant l'effort du Pr Nizard, pour introduire les médecines complémentaires dans la formation initiale. « Incorporer ces praticiens dans les maisons de santé, chose aujourd'hui permise par l'article 51 qui libère la possibilité de réaliser des innovations en santé, encadrées, structurées », est un enjeu visant à favoriser l'émergence de ces pratiques et multiplier les regards croisés.

De même, pour bien-vivre, bien dépister et bien prévenir, le médecin doit pouvoir consacrer un temps d'échange à son patient. « Un temps qui ne peut être que singulier », ajoute le Dr Chaboche, « dans le questionnement individuel. Il faut passer d'une approche centrée sur la maladie à une approche centrée sur le patient, lui permettre de questionner ses désirs, ses ressources. Une consultation de 20 min ne peut suffire pour aider un individu à identifier ce qui est bon pour lui. » Le médecin suggère de construire une politique de santé autour des 3 P : une santé Personnalisée, Préventive, Participative (citoyen, soignant, pratique complémentaire).

En Ehpad aussi, prendre soin des salariés

Pour Pascal Brunelet, Président Espace de Santé Durable & Vice-Président Maisons de familles. « Les besoins des salariés d'Ehpad ont évolué. La carence de vocation s'explique par la perte de la fierté du métier, la recherche de reconnaissance, le besoin d'autonomie. Pendant la covid, beaucoup ont travaillé seuls et ne sentent pas fiers de ce qu'ils ont dû faire par manque de moyens. Les salariés sont en grande majorité des femmes seules, dans des complexités financières, qui n'ont pas les moyens de se prendre en soin (vue, dents...)... Notre responsabilité d'employeur est aussi de les protéger. Nous leur proposons de vraies mutuelles pour qu'elles puissent veiller à leur propre santé ».

Émilie Bohbot, infirmière dans un Ehpad associatif, a ainsi bénéficié comme l'ensemble de l'équipe de séances de sophrologie au sein de son établissement. Réalisées sur le temps de travail, ces séances « nous ont été très bénéfiques. D'abord elles nous ont permis de déculpabiliser, de partager nos difficultés et de vivre un collectif. C'est un signe fort de la direction qui nous signifie qu'elle nous a entendues et prend en considération notre souffrance, tant physique que psychique. On revient à nos postes beaucoup plus détendues, et sans charge de travail supplémentaire. Après la covid, on avait besoin de retrouver du sens, prendre soin de nos résidents et de nous. La qualité de vie au travail s'en est trouvée grandement améliorée. On essaie toujours de prendre soin des autres, mais là c'était l'inverse, une bulle pour nous. On nous a fait du bien. »

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