L'étude AMI réalisée par Agrica en association avec la MSA et l'IRF de Santé Publique auprès de 1000 retraités agricoles note une baisse de 38% de la prévalence de la maladie d'Alzheimer. Une piste d'action potentielle apparaît pour retarder la dépendance: agir pour détecter les déficiences visuelles et fournir des lunettes adaptées.
La prévention marche chez les agriculteurs de Gironde
L'étude AMI visait à répondre à la question : quel est l'état de santé de la population en milieu rural ? La cohorte de 1000 personnes sélectionnées permet de suivre sur 20 ans l'évolution de cette population et d'essayer de répondre aux questions prioritaires. 17 projets au total se sont greffés sur cette étude dont :
- évolution de la maladie d'Alzheimer et maladies apparentées en 20 ans en milieu agricole
- Utilisation d'une méthode innovante pour étudier les facteurs de survenance de la maladie d'Alzheimer
- Déficiences visuelles et dépendance dans la vie quotidienne
- La malnutrition comparée entre ville et campagne
Il en ressort que la prévalence de la maladie d'Alzheimer avec incapacité a baissé spectaculairement (-38%) dans la population agricole, et qu'elle survient plus tard.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette baisse : l'augmentation significative du niveau d'études, une meilleure prise en charge du risque vasculaire, une amélioration de l'état de santé globale et une amélioration significative des conditions de vie.
Facteurs clés de la survenance de la maladie d'Alzheimer
Les chercheurs de l'étude AMI ont proposé une méthode d'évaluation originale en condition écologique de la vie quotidienne (méthode ESM) grâce à l'utilisation de Smartphones pour réaliser des évaluations répétées des fonctions cognitives, du fonctionnement dans la vie quotidienne et du comportement; informations inaccessibles à la clinique ou à des instruments en milieu hospitalier.
Ces travaux ont notamment montré que certaines activités de la vie quotidienne telles que la lecture ou les mots croisés étaient associées à une augmentation des performances de mémoire dans les heures qui suivaient la pratique de l'activité.
Nette baisse des déficiences visuelles dans la population AMI
Les résultats de l'étude montrent une baisse des déficiences visuelles entre les différents suivis effectués depuis 2007. Ils mettent notamment en avant l'impact significatif de simples loupes en vision de près pour certains des sujets particulièrement mal, voire non corrigés. En effet, malgré l'avancée en âge, la prévalence des déficiences visuelles passe de 31.8% à 24.0%.
Parmi les 101 sujets présentant initialement des déficits légers, 60% ont récupéré des capacités normales. Plus marquant encore, parmi les 79 sujets avec initialement des déficits modérés à sévères, plus de la moitié se sont améliorés et même un tiers a retrouvé des capacités visuelles normales en vision de près.
Ces résultats sont à mettre en perspective avec les conséquences de telles déficiences dans la vie quotidienne des personnes âgées.
En effet, les sujets présentant initialement des déficits visuels modérés à sévères ont 2 fois plus de risque de devenir dépendants aux activités instrumentales de la vie quotidienne (comme faire ses courses ou préparer ses repas) que ceux ne présentant pas de troubles (et ce, toutes choses étant égales par ailleurs).
Meilleure nutrition des personnes âgées en milieu rural
Les chercheurs se sont intéressés au milieu de vie rural/urbain et ont comparé l'état nutritionnel de 8691 sujets âgés vivant à domicile en milieu urbain (participants de la cohorte urbaine des trois Cités, 3C) à 692 sujets âgés vivant à domicile en milieu rural (AMI).
Résultat : 7,4 % des sujets vivant en milieu rural étaient en état de malnutrition contre 18,5 % des urbains. Les facteurs associés à la malnutrition sont : le sexe féminin, l'âge, le veuvage, un bas niveau d'études, de faibles revenus, la maigreur, être atteint de démence, avoir une symptomatologie dépressive, être dépendant et consommer plus de trois médicaments par jours.
Cette étude suggère qu'une attention particulière sur le plan nutritionnel doit être apportée aux personnes âgées déjà vulnérables, la malnutrition pouvant jouer le rôle de facteur aggravant.