Dans le n° 32-mai 2013  -  Interview de Jean-Claude Marian, président du Groupe Orpéa  1458

La principale force du Groupe reste l'engagement, le professionnalisme et l'implication au quotidien de ses 25 000 collaborateurs

Dans un contexte français et européen en pleine mutation, le Groupe Orpéa se développe de manière très volontariste. Nous avons questionné son président et fondateur le Dr Jean-Claude Marian.

Le Groupe Orpéa enregistre un développement très rapide malgré la crise. Pensez-vous que ce développement peut se poursuivre dans les années à venir malgré le faible nombre des autorisations ?

Le développement du Groupe a en effet été soutenu ces dernières années tout en restant sélectif. Le modèle de développement d'Orpéa consiste à combiner créations d'établissements neufs par obtention d'autorisations ou regroupements d'établissements existants, et acquisitions.

Le Groupe a réussi, grâce à son savoir-faire et à la reconnaissance de son expertise, à obtenir des autorisations de nouveaux établissements en France comme un EHPAD à Paris dans le XVIe arrondissement en 2011 et un EHPAD dans la banlieue de Lille en 2012.

De plus, le Groupe est désormais très présent à l'international, en Belgique, en Espagne et en Italie où il dispose d'une solide réputation et peut donc obtenir aussi des autorisations.

Concernant les acquisitions, les opportunités sont nombreuses, aussi bien en France qu'à l'international et Orpéa dispose à la fois d'une structure financière solide et d'un savoir-faire avéré dans la restructuration et l'intégration de nouveaux établissements.

Les groupes privés visent plutôt une clientèle ayant des revenus élevés. Est-ce qu'il y a encore du potentiel de ce côté-là ?

Les groupes privés ne visent pas seulement des résidents ayant des revenus élevés mais, étant donné qu'ils disposent d'une forte capacité d'investissement, ils sont capables de s'implanter dans des villes ou des zones urbaines où le foncier est particulièrement onéreux (ce qui a un impact évident sur le prix de journée).

En revanche, un Groupe comme Orpéa, qui dispose de sa propre équipe de maître d'oeuvre, est aussi capable de construire à des coûts bien maîtrisés, et donc d'offrir des prix de journée de 60 à 65 euros par jour dans des zones à moins fort pouvoir d'achat.

Concernant les besoins sur le territoire français, l'offre d'hébergement pour personnes âgées dépendantes est encore très inégale, avec un besoin important au coeur des grandes métropoles ou des grandes zones urbaines telles que Paris.

Qu'est-ce qui fait la force d'un groupe privé dans la gestion des établissements ?

Les atouts d'un groupe comme Orpéa sont nombreux : une expertise dans l'intégration de nouveaux établissements (3 000 lits par an en moyenne, depuis 10 ans), un savoir-faire dans la restructuration d'établissements vieillissants, une solide expérience dans la prise en charge du grand âge, avec des procédures et protocoles de soin et d'accompagnement harmonisés et adaptés.

De plus, le Groupe a fait le choix d'une organisation centralisée, avec un siège administratif puissant, permettant aux directeurs d'établissement de concentrer leur mission exclusivement sur la qualité de la prise en charge des résidents et patients et sur le management et la formation de leurs équipes.

Car la principale force du Groupe reste l'engagement, le professionnalisme et l'implication au quotidien de ses 25 000 collaborateurs.

Les soins de suite, la clinique psychiatrique sont-ils encore des axes de développement. Pour quelles raisons ?

Bien entendu, les cliniques de Soins de Suite et Réadaptation et les cliniques de Psychiatrie sont des axes de développement.

Orpéa a toujours considéré que les cliniques SSR, psychiatriques et les EHPAD constituaient un seul et même métier : la prise en charge globale de la dépendance, physique et psychique, ce qui a d'ailleurs été consacré par la création des Agences Régionales de Santé, décloisonnant le sanitaire et le médico-social, afin de favoriser la mise en oeuvre de véritables parcours de soins pour les usagers.

Les besoins en SSR, notamment spécialisés tels que la gériatrie, l'oncologie, la réadaptation cardiovasculaire, ... sont encore très importants et permettent également d'optimiser les dépenses de l'Assurance-maladie.

Le groupe Orpéa fait état de 1 200 créations d'emplois prévisionnelles en 2013. Arriverez-vous à trouver les qualifications recherchées bien que le vivier des personnes en recherche d'emploi soit important ?

Vous avez raison, un des principaux défis d'Orpéa est sa capacité à recruter des professionnels, à les former, mais également à fidéliser ses équipes.

Grâce à son dynamisme et à sa politique de ressources humaines volontariste, le Groupe parvient à attirer de nouveaux talents sur les différents profils de poste recherchés.

Ensuite, la formation et la gestion de carrière sont au coeur de la vie professionnelle de chaque collaborateur au sein du groupe. Orpéa a toujours privilégié la promotion interne pour les postes d'encadrement à pourvoir, et offre aussi une grande mobilité aussi bien géographique que dans ses différents établissements.

Attendez-vous quelque chose de la future loi sur l'autonomie??

Comme l'ensemble des acteurs de la prise en charge de la Dépendance, nous nous félicitons de la mise en place d'une réforme sur la perte d'autonomie liée à l'âge. En effet, face à la forte augmentation du nombre de personnes âgées de plus de 85 ans, le vieillissement devient un défi important pour les années à venir.

Alors que 80 % des lits en France sont publics ou associatifs, le secteur privé commercial est en mesure de participer activement à ce défi grâce à sa capacité d'investissement et de créations d'emplois.

La future loi sur l'autonomie apportera sans doute des réponses dans les domaines de la prévention, de l'adaptation du logement, de l'aide à domicile afin de répondre aux demandes des personnes âgées.

La plupart des constructions de nouveaux établissements intègrent la préoccupation environnementale (HQE, bâtiment à énergie positive, etc). Que fait le groupe Orpéa dans ce domaine ?

Orpéa est une des seules sociétés du secteur à construire elle-même ses établissements, avec un service interne de maîtrise d'oeuvre et maîtrise d'ouvrage. Dans ce cadre, depuis plusieurs années, Orpéa prend en compte dans ses nouveaux projets de construction la maîtrise des énergies renouvelables et les principaux critères de la démarche HQE. L'objectif est de limiter les impacts de ses constructions sur l'environnement extérieur, tout en assurant des conditions de vie saines et confortables à l'intérieur de l'établissement.

Sur le parc d'établissements existants, Orpéa a également adopté une démarche environnementale en faisant des choix d'investissements responsables pour la gestion et la maintenance?: adaptation des consommations d'énergie aux besoins réels, recherche de réduction de la facture énergétique et des rejets de CO2.

L'acquisition d'établissements à l'étranger vous donne une expertise supplémentaire dans le domaine médico-social. En tirez-vous des enseignements pour améliorer la prise en charge globale des personnes âgées dans vos établissements français ?

La réglementation est assez similaire à celle de la France dans les pays d'implantation du Groupe. Lorsqu'Orpéa s'implante dans un pays, il commence avant tout par dupliquer ses procédés de gestion et ses procédures Qualité afin d'offrir les plus hauts standards de qualité.

Certains groupes privés développent une stratégie de filière du domicile jusqu'à l'EHPAD en passant par les divers services de soins à domicile. Pensez-vous que c'est une stratégie prometteuse ?

En effet, l'aide à domicile est un secteur en fort développement, encouragé aussi bien par les pouvoirs publics que par les usagers. C'est pourquoi, en 2012, Orpéa a développé un partenariat avec la Société Domidom Services, acteur de référence dans l'aide à l'autonomie par le biais de services à domicile, en prenant une participation minoritaire (30 %) dans cette Société. Ce partenariat facilite la continuité de la prise en charge de la dépendance entre le domicile, les Cliniques de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR), et les EPHAD, et permet d'offrir un service supplémentaire aux résidents et patients du Groupe Orpéa.

L'intérêt de ce partenariat est également de faire des EHPAD du Groupe des plateformes de services à domicile pour les personnes âgées de la région.

L'actualité a mis sous les projecteurs la difficulté de bien contrôler les allées et venues des résidents. Avez-vous mis en place des dispositifs particuliers pour prévenir fugues et accidents ?

Dans un métier de service 24h/24, 7j / 7, la lucidité consiste à reconnaître l'inévitable imperfection et le risque d'erreur. Le volontarisme d'Orpéa consiste à rechercher avec ténacité et régularité toutes les possibilités d'amélioration des prestations au service des résidents et patients.

La prévention du risque de fugue des résidents et patients fait partie intégrante des procédures de bonnes pratiques mises en place par le Groupe Orpéa.

Dès l'admission, dans le cadre du bilan effectué par le médecin de l'établissement, les résidents et patients à risque potentiel de fugue sont identifiés, permettant de les orienter vers des unités adaptées et sécurisées ou de mettre en place des mesures de surveillance appropriées. La mise en place de ces différentes mesures se fait toujours en concertation avec le médecin, l'équipe et le représentant légal du résident et dans le respect du bien-être et des droits et libertés des résidents et patients.

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