La société française, touchée par la longévité et l'explosion des maladies chroniques, prend de plus en plus conscience de l'importance du rôle des aidants d'un proche et de la nécessité de les soutenir.
La question des aidants, l'inquiétude qui monte
Pourtant, après la création de la journée nationale des aidants en 2010 et l'inscription d'une reconnaissance de droits concrets dans la Loi d'adaptation de la société au vieillissement de décembre?2015, c'est le calme plat. Or, selon un sondage Ifop de septembre?2017, commandité par Adhap Services, les Français sont 82?% à exprimer une très forte inquiétude (y compris 67?% des 18-24 ans) et 91?% à se dire concernés. Voilà qui montre que la société française sait combien la problématique des aidants participe très directement du quotidien de chacun. Face au silence des autorités - mais à l'action du tissu associatif, économique et local - 58?% des Français estiment que le sujet n'est pas une préoccupation des pouvoirs publics. Pour accompagner les personnes fragiles, nos compatriotes sont 68?% à privilégier les professionnels et pratiquement autant, 67?%, à penser que les proches sont les plus légitimes. Cette société du care implique de trouver un équilibre entre mobilisation familiale et amicale et soutien des professionnels. Les uns comme les autres doivent être mieux valorisés, accompagnés et, pour les professionnels, rétribués. Ce sont, au sens large, plus de 3?millions de professionnels dont il s'agit. Et plus 8,5?millions d'aidants d'un proche. Sans compter quelques 4?000?à 500?000?enfants qui se retrouvent à soutenir seul un parent malade. Soit 14?millions de personnes impliquées directement?!
Soutien humain
Lorsque l'Ifop a demandé les aides souhaitées pour assumer plus facilement son rôle d'aidant, le soutien humain s'est situé juste devant l'aspect financier (34?% contre 32?%) et loin devant les aides technologiques (11?%), psychologies (9?%) ou de formation (8?%). En regardant de plus près, on peut remarquer qu'en fonction des revenus (et aussi des couleurs politiques?!) la priorité humain/financier s'inverse. Ainsi l'aide humaine est demandée en priorité par 40?% des personnes dont le foyer dispose de revenus de plus de 4?000?euros par mois, et ils sont seulement 30?% à la demander chez celles disposant de moins de 1?500?euros. À l'inverse, ce sont les plus modestes qui, à 36?% évoquent l'aide financière, contre seulement 21?% pour les foyers les plus privilégiés.
La question de l'humain, de la valorisation des personnels est centrale. Le gouvernement ne devrait-il pas faire de l'emploi dans le secteur de l'accompagnement et du soin, un axe majeur de sa politique?? Il y a à faire tant sur le plan de la valorisation financière et symbolique, des professionnels de l'accompagnement, mais aussi via un effort de recrutement et de formation des personnels de santé et de soin. Il s'agit de plus de trois millions de personnes qui participent, à des niveaux hiérarchiques, symboliques et matériels très divers, à la qualité de vie d'une part croissante de la population. Cela repose aussi sur une volonté de professionnaliser et renforcer, aussi bien les structures d'aide et d'accueil à la personne fragile, que les personnels dont l'implication implique un meilleur suivi. Des professionnels du care qui sont souvent aussi fragilisés par des conditions de vie difficiles. La société française a tendance à oublier ces hussards blancs du soin, en particulier les plus invisibles et fragiles. Pourtant, selon le même sondage Ifop de septembre?2017, 68?% des Français estiment que les professionnels de l'aide à domicile sont les plus légitimes pour intervenir auprès d'un proche en grande fragilité.