Les statistiques de la CNSA analysent leurs résultats en termes de recettes et de dépenses. Baisse du taux d'occupation, hausse de l'inflation, recours coûteux à l'intérim sont notamment en cause dans la détérioration constatée partout sur le territoire.
La situation budgétaire des Ehpad publics et privés non lucratifs s'est dégradée en 2022
Malgré l'augmentation des financements publics, la situation budgétaire des Ehpad publics et privés non lucratifs se détériore en 2022, selon les résultats présentés dans le 21e numéro des Repères statistiques que vient de publier la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA). En cause ? Principalement la baisse du taux d'occupation et la hausse de l'inflation. Mais il faut aussi considérer la progression des charges associées au recours à l'intérim qui ont dépassé le milliard d'euros par an
Des charges et des recettes en hausse depuis 2020
La période récente se caractérise à la fois par une hausse des charges des Ehpad et par une augmentation des recettes, mais moins importante.
Plusieurs facteurs concourent à cette augmentation des charges depuis 2020 :
La hausse des charges de personnel (+8,5 % en 2020, +8,8 % en 2021), qui ralentit en 2022 (+5,5 %). Après les revalorisations liées au Ségur, elle est notamment entretenue par les charges de personnel extérieur, incluant le recours à l'intérim, en hausse de 21,6 % en 2022. Celles-ci ont globalement doublé entre 2017 et 2022, dépassant le milliard d'euros par an ;L'inflation constatée en France (+5,2 % en 2022), qui concourt au renchérissement des achats et à la hausse des charges de fonctionnement (+6,8 % en 2022).Quant à l'augmentation des recettes, elle traduit les évolutions des deux principales sources de financement :
En 2020 et en 2021, le financement de la branche Autonomie via l'objectif global de dépense (OGD) a très fortement augmenté (+23,2 % puis +11 %) ; cette augmentation ralentit en 2022 (+3,43 %);En 2022, l'apport des résidents des Ehpad augmente de 3,6 %, en rebond après deux années de baisse dues au recul du taux d'occupation des places. L'évolution de ce taux a un impact mécanique sur les recettes de établissements. Il est passé de 96,2 % en 2017 et 2018 à 91,5 % en 2021 et remonte à 92,9 % en 2022, à un niveau toutefois éloigné de ceux observés en 2017 et 2018.Plus de 60% des Ehpad en déficit
60,3 % des Ehpad présentaient un résultat net négatif en 2022, contre 49,3 % en 2021.
La situation est relativement plus dégradée pour les Ehpad publics que pour les privés non lucratifs :
64,5 % des Ehpad publics étaient en déficit en 2022, 34,4 % d'entre eux présentant un déficit supérieur à 5 % ;54,3 % des Ehpad privés non lucratifs étaient en déficit en 2022, 28,2 % d'entre eux présentant un déficit supérieur à 5 %.Des difficultés budgétaires sont constatées sur l'ensemble des territoires : 74 départements français présentent ainsi un taux d'établissements en déficit supérieur à 50 % en 2022, les taux les moins élevés étant enregistrés dans la Creuse (37,9 %), dans l'Aube (38,7 %) et en Martinique (40 %).
Des disparités départementales de l'évolution des recettes des EHPAD sont observées en 2022, en relation avec la contribution des résidents, régulée à l'échelle départementale.
Une actualisation des résultats par les données 2023 est programmée fin 2024, puis à un rythme annuel.