La toilette fait partie du soin et entre dans le projet d'accompagnement du résident. Chaque membre de l'équipe de l'établissement participe à la définition de l'accompagnement personnalisé. Nous avons demandé à Mme Emmanuelle Coret, infirmière coordinatrice à l'EHPAD du Grand Chêne à Combs la Ville (groupe ADEF-Résidences) de nous en parler.
La toilette du résident : favoriser une approche plus confort et bien être
" Nous avons affaire à des générations de personnes qui ne sont pas forcément habituées à prendre des douches et qui ont plutôt l'habitude d'une toilette au lavabo. Parfois on se sent un peu agressif, en tant que soignant, parce qu'elles n'acceptent pas facilement de changer. La tendance aujourd'hui est de ne pas être trop " hospitalier " dans notre façon de gérer ce moment-là, ni trop technique non plus et de revenir sur des toilettes plutôt " confort et bien être ".
Les psychomotriciennes sont des atouts énormes dans l'accompagnement en maison de retraite et nous essayons de nous adapter le plus possible en fonction de l'autonomie des personnes.
Mais il y a aussi un public qui aime les douches. Nous essayons, dans notre accompagnement personnalisé, de voir si c'est la toilette au lavabo, au lit ou la douche qui permet à la personne de rester autonome - en sachant que nous disposons aussi d'une balnéothérapie.
Pour ceux qui ont des douleurs articulaires ou des difficultés avec l'eau, et parce que c'est un moment qui va être relaxant (avec un accompagnement musical, des massages, etc) la balnéothérapie favorise une approche plus agréable.
La toilette au lit peut être un moment très désagréable pour la personne qui le vit ; c'est pour cela que nous la réservons aux cas de force majeure, pour des résidents grabataires, difficilement mobilisables par les équipes. Il ne faut pas aller trop vite vers ce mode de toilette et former les équipes à s'adapter à chaque cas.
Beaucoup de résidents ont-ils des difficultés ?
Les difficultés sont soit physiques soit liées à des troubles cognitifs. Certaines personnes paraissent valides mais sont incapables de se prendre en charge. Vous leur donnez un gant et un savon mais ils ne savent quoi en faire. Du coup il faut être présent pendant tout le temps de la toilette même si c'est une douche, pour que la personne se lave et se rince correctement. Donc cela prend autant de temps qu'une douche au lit, surtout si l'on veut stimuler et continuer à guider la personne pour qu'elle garde ses réflexes et ses capacités.
Quel est le temps moyen d'une toilette ?
Une douche simple, avec une personne relativement autonome et qui a juste besoin de notre présence par peur de tomber, va prendre de 10 à 15 minutes. Une toilette thérapeutique - où l'on essaie de maintenir l'autonomie le plus longtemps possible - peut prendre jusqu'à 45 minutes. Du coup c'est un temps fort de la journée. Nous essayons de ne pas systématiser les toilettes le matin. Il ne faut pas partir du principe que tout le monde soit lavé entre 9 h et 11 h du matin. Parce que certains ne sont pas réceptifs à cela le matin. Nous basculons donc parfois vers des douches le soir qui peuvent être calmantes, relaxantes pour ceux qui ont des troubles du sommeil. Pour ceux qui ont des troubles cognitifs, type Alzheimer, nous les laissons se réveiller tranquillement : cela peut nous amener à ne faire la toilette que dans l'après-midi.
Normalement cette prise en charge est gérée par les aides soignantes, les AMP et les auxiliaires de vie et parfois ce peut être par les infirmières pour les toilettes difficiles sur des personnes en fin de vie, ou s'il y a des pansements à refaire.
Nous incitons également les personnels à travailler en binôme quand c'est nécessaire...