Respecter le rythme, les capacités et les envies de chaque résident. Au sein de l'EHPAD Les Jardins du Castel à Chateaugiron (Ille-et-Vilaine), l'équipe pluridisciplinaire met en pratique une approche personnalisée des toilettes. Regards croisés des professionnels de l'établissement.
La toilette "Humanitude" de l'Ehpad les Jardins du Castel
Il est 7 heures à l'EHPAD Les Jardins du Castel à Chateaugiron (Ille-et-Vilaine). Emilie Gaudré, aide-soignante commence son service. Au programme de la matinée : l'aide à la toilette des résidents. " On connaît leurs habitudes de vie. Ceux qui ont besoin d'une aide partielle pour effectuer leur toilette avant le petit-déjeuner, ceux qui sont plus autonomes, les lève-tôt et les couche-tard. Cela ne veut pas dire pour autant que les journées sont toutes les mêmes. Nous respectons le sommeil de nos résidents. Notre principe est de respecter leur rythme, leurs capacités et leurs envies. Si l'un deux se lève plus tard ou est fatigué, la toilette sera effectuée plus tard ", explique la jeune femme.
Depuis 2006, cet établissement public autonome (121 résidents - 70 équivalents temps pleins -ETP- et 90 avec les temps partiels) met en pratique la philosophie des soins de l'Humanitude. Un principe appliqué par l'équipe pluridisciplinaire dans les quatre secteurs de l'EHPAD. " Chaque secteur accueille des résidents en fonction de leur niveau de dépendance et de leurs pathologies. Les Oiseaux, pour les plus autonomes, Le Verger, pour une perte d'autonomie importante, Le pavillon des Alizés, pour les résidents au premier stade de la maladie d'Alzheimer et le pavillon des Floralies pour les personnes à un stade avancé de la maladie. Des changements de secteur peuvent être opérés selon l'évolution de l'état de santé du résident, de façon à lui assurer un accompagnement adéquat. L'aide à la toilette se base sur l'état du résident et ses besoins. Par exemple, au sein du pavillon les Alizés, la toilette peut être effectuée à quatre heures du matin par l'équipe de nuit si un résident est réveillé ", détaille Romain Thébault, infirmier.
Debout le plus longtemps possible
Lors d'une nouvelle admission, un binôme infirmier/aide-soignant effectue une toilette évaluative de la personne âgée. "L'objectif est d'identifier les capacités restantes de la personne et de travailler avec elle sur le maintien de son autonomie. Nous appliquons les principes de la Charte des droits et libertés de la personne âgée dépendante. Nous travaillons suivant la philosophie de l'Humanitude, "pas de soins en force mais pas d'abandon des soins ", précise Chantal Chedaille, cadre de santé de l'établissement. "A chaque changement de situation de l'état de la personne, comme un retour d'hospitalisation, la toilette va être réévaluée. Ces informations sont inscrites dans le dossier soins informatisé du résident ", ajoute le Dr Céline Hervé, médecin coordonnateur de l'EHPAD. La résidence les Jardins du Castel met en pratique l'un des principes forts de l'Humanitude : la toilette debout. "La verticalité permet de maintenir l'autonomie psychomotrice le plus longtemps possible. La toilette complète au lit n'est effectuée que dans le cas où l'état de santé du résident ne permet plus la station debout ", souligne Alain Barbel, infirmier.
Nouveaux résidents, nouvelle demande
Si l'équipe soignante a un rôle primordial dans la réalisation des toilettes, Stéphanie Tourtelier, la psychologue de l'établissement et référente bientraitance n'est pas en reste. "Un mois après son admission, je fais le point avec le résident sur son projet de vie personnalisé. La toilette s'inscrit à part entière dans l'accompagnement personnalisé de la personne âgée. A quelle fréquence souhaite-t-elle des douches ou des bains ? Quelles sont ces attentes concernant la réalisation de la toilette ? Comment est vécu le soin ?" ", explique-t-elle "Pour les instances, le nombre de douches minimal par semaine est un critère de qualité et de bientraitance d'un l'EHPAD. Jusqu'à présent, au-delà de la toilette quotidienne, la demande des résidents était d'une douche par semaine et certains résidents n'en veulent pas. Nous pouvons voir que parmi les résidents qui arrivent maintenant, certains souhaiteraient davantage de douches, voire une douche quotidienne. Cela va nécessairement modifier les pratiques et les organisations ", augure Stéphanie Tourtelier.