La vie est plus complexe que la loi. Le procès du docteur Bonnemaison en est encore une fois la preuve. Certes, la loi doit punir toute atteinte à la vie mais il est des cas extrêmes où faciliter le trépas est une délivrance.
La loi Leonetti justement entend encadrer ce passage à la fois pour protéger les patients, mais aussi les médecins et donner un cadre collectif et un partage de la décision entre les médecins, les familles et la personne elle-même. Ce qui compte aussi pour Jean Leonetti c'est l'enregistrement, la traçabilité des décisions prises collégialement à l'opposé du comportement du docteur Bonnemaison qui s'est arrogé, seul, un droit de mort pris clandestinement, au mépris des familles, de ses collègues médecins, et des autres soignants.
"Si le cas de patients en fin de vie extrême est douloureux, la volonté d'arrêter cette souffrance appartient à la personne souffrante elle-même. L'empathie ne justifie pas un acte extrême. Face à la mort, on doit être dans l'empathie contenue, pas dans la compassion fusionnelle", a souligné Jean Leonetti lors de l'Audience de la Cour d'Assise d'Angers (Maine et Loire) du 21 octobre 2015.
Personne, pas même un médecin, ne peut prendre seul en charge la mort d'une autre personne. La proposition de loi adoptée les 10 et 11 mars 2015 à l'Assemblée nationale évitera à l'avenir ce type de procès*.
* Le verdict du procès a été rendu le samedi 24 octobre : 2 ans de prison avec sursis pour un seul des sept patients décédés pour lesquels il avait été accusé d'empoisonnement (injection d'Hypnovel ou de Norcuron - un produit non autorisé en matière de sédation). Une des parties civiles, le fils d'un des patients, a déclaré : "j'aurais voulu qu'il m'en parle et qu'on décide ensemble. Je l'aurais compris s'il me l'avait expliqué".