A l'approche de l'élection présidentielle, le collectif "Habiter Autrement" interpelle les candidats et formule des propositions pour promouvoir et développer des formes alternatives d'habitat pour les personnes âgées vulnérables.
Le collectif "Habiter autrement" réclame de "sortir du choix binaire" : domicile/EHPAD
L'imagination au pouvoir ! A quelques semaines du scrutin présidentiel, ce slogan illustrerait bien les attentes du Collectif "Habiter Autrement", qui réunit des militants associatifs et des professionnels de l'habitat *. "Aujourd'hui, pour les personnes âgées, surtout les plus fragilisées, le choix d'habitat se résume soit à rester à domicile, soit à entrer en établissement. Un choix restreint qui n'est pas aussi libre qu'il n'y paraît, contraint par le niveau de ressources, les besoins, les territoires, la disponibilité des entourages ou des services d'aide à domicile", regrette le collectif. Et de poursuivre :"Face au défi démographique, il est temps d' imaginer de nouveaux lieux de vie adaptés aux besoins et envies d'une population variée".
Cette analyse est partagée par une majorité de Conseils départementaux (63,6%) favorables à la diversification des formules d'habitat proposées aux personnes âgées, aux personnes en situation de handicap et aux personnes atteintes de maladies neurodégénératives, selon l'Enquête nationale relative à l'habitat alternatif/inclusif, publiée par la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) en février dernier.
Cette recherche d'alternatives au domicile ordinaire et en établissement n'est pas nouvelle. Ce type d'habitat s'est développé sous diverses formes depuis les années 1960 ; dans le champ du médico-social, les logements-foyers (baptisés désormais Résidences autonomie) et d'autre part, hors champ médico-social, les
résidences services. A partir des années 2000, on a vu également apparaître le statut de petites unités de vie (PUV), des structures qui ont toutefois eu du mal à se développer.
"Le cadre médico-social peu propice à l'initiative et à l'innovation"
Sur le terrain, les initiatives d'habitat "alternatif, citoyen, solidaire et accompagné, prenant en compte le vieillissement" sont portés en partenariat par des acteurs divers, élus locaux, bailleurs sociaux, acteurs de la gérontologie, citoyens, associations ou fondations. Pour le Collectif, cette nouvelle offre correspond à une évolution des attentes citoyennes : "attente de désinstitutionalisation, désir d'être acteur de son propre vieillissement, de décider soi-même où mettre le curseur entre sécurité et autonomie, individuel et collectif". Cet habitat se développe hors loi 2002-2, "en réaction à la médicalisation des établissements où le soin risque de prendre le pas sur la vie et du fait que le cadre médico-social est peu propice à l'initiative et à l'innovation", souligne le collectif.
A l'approche de l'élection présidentielle, le collectif associatif déplore que les propositions des candidats concernant l'habitat des personnes âgées se concentrent sur le développement de l'offre d'EHPAD. S'appuyant sur une étude réalisée auprès de 10 lieux, "reflets de la diversité de l'habitat alternatif pour les personnes âgées", le Collectif demande aux prétendants à l'Elysée de se mobiliser pour que "choisir son lieu de vie, adapté à ses aspirations et besoins, soit un droit essentiel à tout âge". Dans cette optique, il présente une série de propositions notamment : reconnaître le rôle essentiel des habitats alternatifs dans la prévention de la perte d'autonomie ; mobiliser les acteurs institutionnels (CNSA, CNAV, MSA, caisses de retraite complémentaire, fondations ...) pour un soutien et une promotion concertés aux nouveaux types d'habitats alternatifs. Ou encore, autoriser, au niveau national (et non de façon variable selon les départements), la possibilité de mettre en commun les moyens ouverts par les aides (APA , PCH) pour financer, entre habitants, "un service partagé leur redonnant ainsi un droit à la solidarité".