La FNAQPA (Fédération Nationale Avenir et Qualité de vie des Personnes Agées) fête ses 20 ans. Elle reste fidèle aux orientations qui ont présidé à sa création. Ainsi pour Didier Sapy, directeur, toute politique ou mesure ou budget ne peut s'évaluer que par son impact sur la qualité. A l'heure où le débat sur le financement de la dépendance bat son plein, le Géronforum de la FNAQPA fin juin devrait apporter sa pierre à l'édifice.
Le combat pour la qualité
Pouvez-vous nous présenter la FNAQPA (Fédération Nationale Avenir et Qualité de vie des Personnes Agées) ?
La FNAQPA regroupe des gestionnaires d'établissements ou services pour personnes âgées et à but non lucratif. Elle est présente sur tout le territoire, dispose de locaux à Lyon et à Paris. Elle compte 350 adhérents et fête ses 20 ans cette année.
La mission de la FNQPA est de représenter ses adhérents auprès des pouvoirs publics et de les défendre. Elle veut aussi mutualiser les expériences et informer ses adhérents. Elle est donc un centre de ressources important. En effet si nous remontons l'information du terrain vers les pouvoirs publics, nous organisons le flux inverse. Avec Internet, chacun sait quand un texte est sort et chacun peut le trouver. La FNAQPA, elle, analyse l'information et la synthétise. Le directeur gagne du temps dans le décryptage. C'est particulièrement vrai pour des textes budgétaires. La FNAQPA est aussi un organisme de formation continue qui forme 8000 salariés chaque année. Qualité, management, connaissance de la personne âgée, animation,... le catalogue est vaste et il concerne donc tous les intervenants auprès de la personne âgée.
Quels sont les combats de la FNAQPA ?
La FNAQPA est née d'une charte éthique, qui existe toujours et comme son nom l'indique, elle est engagée pour la qualité. Depuis ses débuts, elle contribue à l'évolution qualitative de l'offre et elle est bien identifiée sur ce domaine par les adhérents comme par l'ensemble des acteurs. Ainsi la FNAQPA a participé, avec le SYNERPA (Syndicat National des Etablissements et Résidences privés pour Personnes Agées), à l'élaboration du premier référentiel de certification de services pour les établissements. La troisième version est d'ailleurs en cours. De plus, la FNAQPA participe activement aux travaux de l'ANESM.
C'est par le prisme de la qualité que nous analysons les politiques. Une mesure technique ou financière n'a de sens que si elle est tournée vers un objectif qualitatif. Nous n'avons pas de revendication financière par principe - la qualité ce n'est pas toujours une question d'argent. C'est une posture, une démarche permanente - mais dans un objectif de rapport qualité/coût !
Chaque mesure financière doit être analysée en fonction de son impact, positif ou négatif, sur la qualité. Prenons par exemple la réflexion sur la réduction de la taille des chambres en EHPAD, envisagée pour réduire les coûts immobiliers donc le reste à charge pour les résidents.
Nous avons étudié le sujet et publié en avril une contribution intitulée " Coûts immobiliers et " reste à charge " : fausses bonnes idées et vraies propositions ". Nous y faisons la démonstration que la réduction de la qualité des espaces serait une mesure inefficiente et nous formulons des propositions alternatives.
La convergence tarifaire est sur toutes les bouches.
Quelle est la position de la FNAQPA ? Nous ne sommes pas opposés par principe à la convergence tarifaire, pas plus d'ailleurs qu'à la tarification à la ressource. Nous sommes opposés à la convergence tarifaire telle qu'elle est proposée par les pouvoirs publics ! Depuis deux ans, nous combattons cette convergence parce qu'elle n'est pas fondée sur une logique de qualité. Elle s'appuie uniquement sur des indicateurs médico-techniques (GMP, PMP,...). Il n'y a aucun lien entre l'allocation des moyens et la qualité. Or ce lien est tout le combat de la FNAQPA. Pour la tarification à la ressource, pourquoi pas, si le lien est fait entre les objectifs quantitatifs, les missions confiées à l'EHPAD et la qualité.
La convergence tarifaire actuelle n'est pas équitable, elle est seulement égalitaire. Elle conduit à la double peine : en faisant du bon travail, en faisant regagner de l'autonomie aux résidents, les établissements voient leur GMP/PMP, donc leurs ressources, diminuer ! De plus, le plafond est trop bas par rapport aux objectifs. La loi de financement de la Sécurité Sociale instaure un nouveau mode de contractualisation entre les établissements et les pouvoirs publics mais tout est massacré par les dispositions ineptes sur la convention tarifaire. A domicile, la situation est tout aussi inquiétante. La réforme de la tarification est à venir. La FNAQPA appartient au collectif de l'aide et des soins à domicile, qui regroupe 16 organisations représentant les professionnels et les usagers du secteur.
Comment la FNAQPA voit-elle le débat actuel sur la dépendance ?
Tout le secteur réclamait un débat, il est là, on ne va pas le critiquer. Reste à savoir ce qui va en sortir... En se lançant dans un tel débat, le gouvernement suscite de grands espoirs. Il ne faudrait pas que le débat génère de la déception. S'il débouche sur quatre ou cinq mesures techniques, l'effet sera dévastateur. Nous attendons de vrais arbitrages, une loi de programmation pluriannuelle, avec un cap, des objectifs et des moyens, et un plan d'action. Et un autre regard : il faut arrêter de parler de prise en charge, de poids financier, de tsunami ! On va passer de 1,1 % du PIB à 1,5%. C'est loin d'être insurmontable. Il faut aussi se méfier des chiffres. Ainsi on parle de 25 milliards d'euros mais que met-on dedans ? Nous serons vigilants à ce que ce montant ne comprenne pas les soins des personnes âgées. Si le débat vise à faire faire des économies à la Sécurité Sociale, cela ne passera pas ! L'accès aux soins des personnes âgées doit être identique à celui des autres Français. Il faut donner une vision positive du vieillissement. On parle du coût du vieillissement, jamais on ne parle de sa contribution au PIB, de son enjeu sur tout le territoire ! J'aimerais vraiment qu'un économiste s'attèle à ce travail.
Quel est l'état d'esprit actuel des directeurs d'établissements et de services à domicile ?
Les directeurs sont soumis à des injonctions paradoxales. Avec le débat s'est instaurée une communication positive autour du secteur. Parallèlement la campagne budgétaire casse tout. Il n'est pas question pour la FNAQPA de faire un procès d'intention mais il y a de quoi réagir : pas de taux de reconduction, gel des conventions tripartites,... En six mois, tous les arbitrages ont été défavorables ! En conséquence les directeurs se sentent harcelés par les pouvoirs publics, qui sont de plus en plus exigeants avec les gestionnaires mais ne font pas les efforts en termes d'accompagnement et de moyens. Il leur est difficile d'être optimiste. Pour les aider, nous devons participer au débat et être intraitable avec les pouvoirs publics. Le métier de directeur est complexe. J'ai une profonde admiration pour les conseils d'administration, très impliqués, militants, qui ne renoncent jamais. Leur moteur est plus fort que les contraintes. Ce sont les résidents qui les font avancer, pas les ARS (Agence Régionale de la Santé) ou les pouvoirs publics.
Les 30 juin et 1er juillet, à Beaune, la FNAQPA organise son Congrès annuel. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Plutôt que d'un congrès, nous préférons parler d'un Géronforum, en prenant " forum " au sens où les Romains l'employaient. C'est un lieu de débat avant tout. Cette année, qui marque les 20 ans de la FNAQPA, notre Géronforum sera marqué à la fois par l'inquiétude et par l'espoir. Le premier jour il donnera la parole à Marie-Anne Montchamp. Peut-être nous donnera-t-elle quelques bonnes nouvelles. Sabine Fourcade, directrice générale de la cohésion sociale, sera là également. Je salue son état d'esprit : c'est difficile de venir s'exprimer devant des responsables d'établissements et services dans cette période délicate. Et il y aura de nombreux autres intervenants... De plus, le Géronforum doit souligner les expériences positives et faire prendre de la hauteur. Serge Guérin, sociologue bien connu, nous y aidera.
Le deuxième jour sera consacré aux questions : un groupe d'experts face aux questions de la salle ou collectées par Internet. C'est un format innovant, qui fonctionne bien. Dans les congrès, les participants repartent souvent sans réponses à leurs questions. A Géronforum, ils auront les réponses !