Si la science et la médecine permettent aujourd'hui de guérir de nombreuses maladies et de prolonger la vie, elles contribuent parfois à créer de nouvelles situations de vulnérabilité. Le C.C.N.E. appelle la médecine comme la société à reconnaître ces situations et à accompagner ces personnes.

Le Comité Consultatif National d'Ethique alerte sur de nouvelles situations de vulnérabilité liées aux avancées médicales et aux limites du système de soins
Les avancées scientifiques et technologiques en médecine peuvent complexifier certains parcours de soins et exposer des populations à des formes accrues de vulnérabilité. Les avancées de la médecine, qui, certes, permettent de vivre plus longtemps avec des pathologies chroniques ou des séquelles liées aux maladies ou aux traitements, modifient profondément l'existence des personnes, leur vie personnelle, socioprofessionnelle, leur indépendance et parfois leur l'autonomie. À ces constats, il faut ajouter une autre réalité liée aux évolutions du système de soins et médico-social, qui peuvent engendrer des parcours de soins fragmentés, des inégalités d'accès et ainsi des formes de « sur-vulnérabilisation ».
« Un système de santé efficace ne se mesure pas seulement à sa capacité à innover, mais aussi à sa capacité à ne laisser personne au bord du chemin. Aujourd'hui encore trop de patients vulnérables peinent à être entendus et pris en charge de manière adaptée. Il est temps de repenser l'organisation des soins en intégrant pleinement ces réalités » indique Anne Caron-Déglise, avocate générale à la Cour de cassation, co-rapporteure de l'Avis n°148 et membre du C.C.N.E.
Face à ces constats, le C.C.N.E. rappelle que l'éthique du progrès doit également intégrer une réflexion sur la qualité de vie, l'autonomie décisionnelle des patients et le respect de leur dignité. En ce sens, la médecine doit assumer une véritable responsabilité sociale et dépasser la simple application de savoirs et de protocoles.
Pour y répondre, le C.C.N.E. formule plusieurs recommandations :
- Renforcer la formation des professionnels de santé afin qu'ils puissent mieux identifier et accompagner les patients en situation de vulnérabilité, en intégrant une approche éthique et interdisciplinaire dans leur pratique.
- Repenser l'organisation du système de soins pour permettre une prévention de ces situations, garantir un accès équitable aux traitements, limiter les ruptures de parcours et améliorer la coordination entre les acteurs de la santé et du médico-social.
- Développer une approche capacitaire permettant aux personnes en situation de vulnérabilité de conserver une autonomie décisionnelle et d'être pleinement associés aux choix médicaux les concernant.
- Favoriser un cadre de décision éthique clair et partagé, intégrant la délibération collective et le dialogue entre soignants et patients, pour éviter les prises en charge médicales excessives ou inadaptées.
- Mieux reconnaître et soutenir les aidants familiaux et professionnels, dont le rôle est central dans l'accompagnement des personnes en situation de vulnérabilité.
L'avis n°148 est disponible en intégralité sur le site du C.C.N.E.