En s'impliquant dans l'initiative ADD'AGE lancée par la FNAQPA en septembre 2013, Valérie Eymet, directrice de l'EHPAD de Massy dans l'Essonne, s'est engagée dans le développement durable.
Le développement durable par une dynamique de micro-projets
Le développement durable souvent ne représente, pour les salariés, que le volet écologique, en revanche, dans le médico-social, la responsabilité sociétale de l'entreprise (RSE) tout de suite fait sens.
«Nous sommes entrés dans la démarche par le volet social, explique Valérie Eymet, et à mesure nous nous sommes rendus compte que nous touchions tous les champs de nos activités, de nos prestataires mais avec également un impact sur nos vies personnelles».
La remise en cause des pratiques a touché tous les postes de la résidence : «Apprenant notre démarche notre prestataire ménage a décidé spontanément de changer les chariots de nettoyage pour organiser le tri sélectif».
Pour la restauration, Valérie Eymet a rédigé un cahier des charges contraignant et inhabituel :
«Je voulais mettre en place une philosophie proche de l'Humanitude : pouvoir servir un repas chaud complet à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Dans le cahier des charges j'avais aussi des exigences : viandes labellisées, achats de proximité, mise en place d'un indicateur sur les aliments non consommés. Il m'a fallu 8 mois de négociations avec notre prestataire, 14 allers-retours, et une entrevue avec le directeur général de l'entreprise pour que notre démarche soit comprise. Nous avons fini par signer parce que ce directeur a vu notre projet comme expérimental. Pour beaucoup d'entreprises, le développement durable n'est qu'une action marketing mais quand un client veut le mettre en place, il faut batailler. Par exemple quand on a demandé de connaître la quantité de produits non consommés en restauration, on m'a répondu que ce n'était pas possible de l'obtenir. Même réponse des concurrents. En tant qu'EHPAD nous n'avons pas un poids suffisant car nous sommes très morcelés. Le contrat aujourd'hui ne nous coûte pas plus cher car les modifications obtenues permettent de réduire les gaspillages».
Dans un EHPAD, une multitude de micro-projets peuvent cumuler des gains économiques et transformer les relations dans l'établissement, impulsant une dynamique nouvelle.
«Nous avons signé un partenariat avec une association de réinsertion professionnelle appelée Carton Plein qui récupère les cartons. En 2015 nous avons ainsi déposé 480 kg de cartons de produits d'incontinence. Notre agent de maintenance a proposé d'aller collecter les cartons de deux autres EHPAD proches. Nos infirmières trient les boites de médicaments dans deux poubelles différentes : une pour les boites et les notices, l'autre pour les blisters. Les micro projets peuvent être mis en route rapidement. Ces projets impactent le quotidien des résidents et redonnent du sens à nos activités, les personnes âgées peuvent participer et retrouver leur place citoyenne au coeur de la résidence. Ce dont je suis le plus fière: il y a aujourd'hui une réelle dynamique entre les salariés».