Alors que de nombreuses mesures sont mises en place pour lutter contre la dénutrition des personnes âgées, la présence d'un diététicien en EHPAD n'est pas systématique. Roselyne Bausch, responsable hébergement et diététicienne en EHPAD, s'est interrogée sur la plus-value que représentait la présence d'un diététicien en EHPAD dans la prise en charge de la dénutrition chez la personne âgée.
Le diététicien en EHPAD
La place du diététicien en EHPAD
En 2005, le Conseil National de l'Alimentation (CNA) préconisait 0,1 ETP de diététicien dans les EHPAD, rappelé dans le guide des bonnes pratiques de soins en EHPAD de 2007.
Pourtant, d'après les données issues des enquêtes EHPA 2011 et 2015 de la Drees, le temps d'intervention du diététicien diminue, alors que les résidents sont de plus en plus âgés et dépendants lors de leur entrée en EHPAD. Ils sont atteints de 8 pathologies en moyenne, dont 1 pathologie aiguë ou chronique non stabilisée.
Les missions confiées au diététicien
Pour cette étude, une enquête a été réalisée auprès des EHPAD de Lorraine. La représentation des diététiciens en EHPAD y est encore orientée vers la notion d'équilibre alimentaire. La première mission confiée au diététicien concerne en effet l'élaboration et la validation des menus (34/38 réponses).
En seconde position apparaît la prise en charge nutritionnelle des résidents (22/38). Cette mission semble très importante pour les diététiciens intervenant en EHPAD. Une observation de l'enquête UFC Que Choisir conforte d'ailleurs l'importance de cette mission. Un manquement dans le suivi nutritionnel des résidents y avait été mis en évidence, notamment grâce à des pesées régulières.
Enfin, les diététiciens peuvent accompagner les projets nutritionnels, comme le montre l'exemple dans l'EHPAD Notre Dame du Puyraveau, connu pour la réalisation de bouchées enrichies afin de lutter contre la dénutrition.
Le financement du poste de diététicien
Le poste de diététicien est financé sur le budget hébergement de l'EHPAD. L'embauche de 0,1 ETP de diététicien (avec une ancienneté et un salaire moyen annuel de 33 000 € brut) coûterait au résident d'un établissement de 80 lits, 0,11 € par jour.
Or le PATHOS 2, qui détermine à un instant précis la dépendance en soins d'un EHPAD, accorde des points supplémentaires aux établissements bénéficiant des services d'un diététicien. Cela a donc une incidence directe sur le budget soins.
Lors de l'enquête locale, des directeurs estiment intéressant (11/38) ou nécessaire (24/38) qu'un diététicien intervienne en EHPAD mais ils expliquent avoir davantage besoin de financement pour des postes d'aides-soignants.
La dénutrition est un état de santé dont les conséquences sont lourdes en terme de coût et de conditions de vie pour le patient. La place du diététicien en EHPAD reste encore à créer, 15 ans après les premières recommandations.