La dernière ligne droite serait elle en vue ? Ce cinquième risque (puisque la branche ne semble plus accessible, et la nuance est sensible en termes de financement) pourrait se transformer en chance ou opportunité dans les derniers mois du quinquennat. Une grande concertation sera donc organisée, et consolidera probablement l'ensemble des réflexions, avis, recommandations et rapports exprimés et publiés depuis de si longs mois. Devons nous revenir sur les chiffres qui jalonnent cette démarche ? " Les chiffres sont aux analystes ce que les lampadaires sont aux ivrognes. Ils fournissent bien plus un appui qu'un éclairage " (Jean DION, chroniqueur et écrivain canadien)....
Alors juste le temps d'un paragraphe, car désormais ces chiffres sont quasi maitrisés par la grande majorité des Français. Pas dans le détail, mais dans l'idée que la dépendance est une réforme incontournable. C'est d'ailleurs le grand mérite et le volet positif de ce temps qui a paru si long depuis 2003, date repère à cette prise de conscience collective. Bref, la dépense publique consacrée à la dépendance s'élève à 22 Milliards d'€ soit 1,1% du PIB. Fin 2009 l'APA représentait 5,1 Milliards d'€ pour 700 000 personnes à domicile et 400 000 en institutions. Cette répartition est éclairante pour les choix futurs. En 2050 les plus de 60 ans représenteront 32 % de la population. En 2025, cela représentera 1,5% de la richesse nationale. Mais cette richesse nationale doit elle s'exprimer essentiellement par ces chiffres ? Ou est-elle représentée par les valeurs de ces hommes et ces femmes qui ont construit notre histoire. Vaste débat...
Domicile dites-vous ? Quelques chiffres significatifs : 71 % des personnes de 90 à 94 ans vivent en logement autonome ! Et 67 % des bénéficiaires de l'APA vivent chez elle. Il est donc bien question et de plus en plus, du libre choix ! Car de la diversité né le progrès ! Méfions nous cependant des mouvements de balanciers violents, dont notre pays est coutumier. Après avoir largement encouragé le " tout établissement ", gardons nous d'ériger comme possibilité idéale et unique le " tout le monde à domicile ".... Rien n'est simple. Il s'agit d'une question de choix, d'évolutions matérielles et... d'équilibre financier. Le domicile ne peut se concevoir qu'avec un accompagnement souvent lourd. Mais c'est ainsi, il a la préférence de la grande majorité. Il peut donc être le vecteur de nouvelles technologies, d'innovations et de développements importants. L'ère du numérique permet aujourd'hui de concrétiser ce souhait dans différents domaines : sécurité (la télévigilance est déjà largement utilisée), mobilité (il existe déjà des déambulateurs intelligents). Plus encore, il conviendra alors de repenser rapidement l'urbanisme et l'ensemble des services nécessaires pour ne pas isoler la personne. Et d'intégrer tous les paramètres nécessaires à son bien être. Il s'agira enfin et surtout de réfléchir à une approche globale grâce à un accompagnement des familles : formation, équipes mobiles.
Le grand âge et la dépendance ont le plus souvent fait l'objet d'une communication sur leur coût. Et si aujourd'hui une certaine pudeur s'estompait pour affirmer qu'il peut aussi être un levier économique et un moteur d'innovations et de croissance. En plus d'être un ferment de solidarité.